Osprey, des sacs made in Vietnam

Compte-rendu par Danielle Vibien, acheteuse à La Cordée

Je tiens à vous raconter…

osprey-white-oval-logo-withglow-double-resOsprey, a vu le jour en 1974, il y a 42 ans à Santa Cruz en Californie. Curieuse, j’ai posé la question suivante à son fondateur : « Pourquoi avoir choisi le nom Osprey pour la marque? » Celui-ci m’a répondu, en toute humilité : « Parce que j’ai pensé que personne ne voudrait acheter des sacs qui porteraient mon nom, Mike Pfotenhauer.» Humble de sa personne, Mike est avant tout un visionnaire.

L’usine de production, d’abord installée au Colorado, employait 800 Amérindiens.  Elle est rapidement devenue incapable de suffire à la demande sans cesse croissante. (Les détaillants se plaignaient d’être trop souvent en rupture de stock!) La décision a donc été prise, dès 1976, de déménager cette force de production en Asie, au Vietnam.  C’est au sud de celui-ci, en banlieue de la ville d’Hô Chi Minh qu’Osprey a pu déployer ses ailes.

Osprey en chiffres

Aujourd’hui, Osprey Vietnam emploie plus de 7000 travailleurs répartis dans plus de quatre manufactures. À ce grand nombre de travailleurs s’ajoute une quantité innombrable de sous-traitants et de producteurs de boucles de plastiques, de fils à coudre, de sangles de nylon, de fermetures à glissière, de roulettes, de poignées d’aluminium, de tendeurs élastiques (des bungees), de tissus, et je m’essouffle! Tous sont impliqués directement dans l’accouchement des produits Osprey.

La marque est distribuée dans plus de 24 pays. On parle ici d’un succès planétaire, en constante croissance.

Je suis privilégiée. Si je vous parle ainsi de la marque, c’est que j’ai eu la chance de faire partie de la délégation de six détaillants Osprey nord-américains invités au Vietnam récemment. Le but de cette invitation? Comprendre l’envers du décor et visiter deux des manufactures du fabricant.

Le concept de production de masse nous est étranger, à nous, Nord-Américains, car ici, nous ne produisons presque rien localement, mais nous consommons beaucoup. Nous pouvons nous le permettre, grâce à l’Asie.

4bureaux-osprey-vietnamPour se rapprocher de sa production, Mike Pfotenhauer s’est établi au Vietnam. Sa petite équipe de concepteurs évolue dans des bureaux sobres, à fenêtres ouvertes. Des ventilateurs tournent au plafond, sans bruit. Quelques américains et un belge, déracinés volontairement, se sont établis là-bas. Ils sont maintenant acclimatés aux 35°C à l’ombre, comme les Vietnamiens d’origine.

C’est dans ces locaux sans prétention que cette équipe conçoit, réfléchit, innove, teste, cartonne, colle, décolle, assemble, coud…bref, ça ne mijote pas, ça bouillonne, je vous dis. Les cerveaux ingénieux de tous sont mis à contribution. Chacun se sent valorisé et est fier de participer au processus de création.

La vision, l’expérience, l’expertise et le savoir-faire

7aether-ag-closeupEn primeur, le nouvel Aether AG 60, en carton! Livraison en magasin prévue en mars 2017.

Au fil des années, Osprey a su se démarquer de ses compétiteurs grâce à sa capacité de concevoir ses produits sur papier avant de fabriquer une maquette de carton et ensuite produire un échantillon cousu. Tout ce processus en parfois en moins d’une journée! S’en suit une série de 20 à 40 prototypes avant d’arriver à la version définitive, qui répond aux standards élevés du visionnaire Mike Pfotenhauer.

Pour ma part, Osprey est synonyme d’œuvre d’art. On n’a qu’à regarder de près un Poco Plus (un porte-bébé Osprey) pour comprendre la complexité du processus. Plus de 300 morceaux le composent. Il y a plusieurs façons de répondre à la demande de parents qui souhaitent porter leur enfant sur leur dos. Dans sa conception, Osprey pense au confort de l’enfant, mais aussi à celui du parent : ceinture de taille et bretelles rembourrées et ajustables, concept ergonomique, pare-soleil, étriers, matelas à langer, petit sac à dos détachable, pochette pour sac d’hydratation… Ici, on roule en Cadillac, rien de moins!

« Le Vietnam, c’est très différent de la Chine », nous dit Mike. Il est venu ici pour la culture du peuple : les Vietnamiens sont, avant tout, appliqués et travaillants. Les manufactures Osprey produisent six jours par semaine. L’horaire type est de 8 h 30 à 16 h. L’avantage de s’être établi en banlieue d’une grosse ville, c’est que les employés peuvent se déplacer en bicyclette ou en motocyclette et retourner dans leur famille le soir. Ce qui n’est souvent pas le cas en Chine, où les employés sont souvent logés sur place.

Une fois la main-d’œuvre qualifiée trouvée et embauchée, il faut savoir la garder. « Aussi, nous assure Chris Graham, directeur général, les employés touchent un salaire de premier rang pour la production d’un produit haut de gamme. Nous sommes conscients que les gestes répétitifs que posent les travailleurs se doivent d’être justement compensés. »

Je consomme…

Au cours des dix dernières années, plusieurs modèles Osprey ont trouvé leur place chez moi, dans ma pièce dédiée au plein air. Certains de ces sacs ont été vendus aux ventes Troc, organisées par La Cordée, avant d’être remplacés par un autre modèle ou un modèle plus récent comme le Hornet 18, Éclipse 42, Talon 22, Stratos 34, Tempest 9, Kestrel 38, Sirrus 36, Kyte 46, Kyte 36, Kode 42, Shuttle 30, Shuttle 100, Ozone 22…

Et je ne m’arrêterai pas là. Visiblement, je ne suis pas la seule à triper sur Osprey…
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Osprey : un phénomène qui domine le marché

L’équipe multidisciplinaire de Osprey est composée de designers, de concepteurs, de gérants de produits, de patronniers, d’opérateurs de machine à coudre, de contrôleurs de qualité, d’expéditeurs, etc. Au total, c’est près de 600 mains qui touchent tôt ou tard chaque unité produite avant qu’elle n’aboutisse dans les mains du consommateur.

Osprey fascine avec ses versions renouvelées du même produit. Des versions améliorées, toujours plus évoluée que la précédente.

Innover, se surpasser, créer la demande et y répondre avec expertise et s’améliorer constamment : telle est la mission de l’entreprise, qui, rappelons-le, a vu le jour dans un garage de la Californie. Une entreprise grandeur « planète » qui n’a pas l’intention d’arrêter ses activités puisqu’elle refuse le statu quo.

Et le sac à dos Osprey de l’avenir ? Ce sera sans doute lui qui transportera l’usager chez lui et non l’inverse…

Par Danielle Vibien

Pour terminer en beauté, voici quelques photos du marché à Hô Chi Minh, où certains ont appris à prendre ça cool…