L’exposition au froid démystifiée

Par Michel White, cardiologue

Malgré un début d’hiver plutôt inhabituel, les journées froides sont enfin arrivées. Maintenant, il est pertinent de nous demander si le froid peut être salutaire pour le système cardiovasculaire et s’il y a des façons de s’y adapter pour éviter l’hypothermie et les engelures. Voici quelques réponses à ces questions, à l’aube de la période froide.

On peut s’adapter au froid!

Il y a des moyens faciles qui nous permettent de nous adapter progressivement au froid pour devenir de bons habitants du Nord. Mais quels sont-ils? Certaines habitudes, telles que diminuer la température ambiante de la maison, prendre progressivement des douches de plus en plus froides et répéter les expositions extérieures au froid permettraient d’accroître le taux de graisse brune plus important. Ces petits gestes augmenteraient notre activité métabolique pour nous permettre de mieux combattre le froid. À cette enseigne, l’augmentation du taux de graisse brune ne veut pas dire qu’il faut engraisser puisque la prise de poids est liée à une augmentation de la graisse blanche. Il est donc faux de croire qu’il faut être gras pour s’habituer au froid, car plusieurs personnes minces sont très résistantes à un environnement thermique glacial.

Quoi manger et quoi boire?

L’alimentation et l’hydratation sont deux éléments clefs dans l’adaptation et la résistance aux effets du froid. Une alimentation riche en protéines et en glucides devrait être privilégiée au détriment d’une nourriture grasse. En effet, une nourriture grasse est difficile à digérer et elle ne nous rend pas nécessairement plus résistants au froid. L’hiver, il est important de manger toutes les 3 ou 4 heures pour éviter un certain jeûne métabolique et pour maintenir un métabolisme de base élevé.

De plus, il est nécessaire de s’hydrater régulièrement; un geste qui est souvent négligé lors de la pratique d’activités aérobiques hivernales. En effet, nous ressentons souvent moins la soif l’hiver que l’été, et ce, pour des dépenses énergétiques identiques. Toutefois, il faut savoir que, l’hiver, l’évaporation de l’eau contenue dans notre corps est non négligeable. Il est donc vital de nous hydrater de façon importante, toutes les 20 à 30 minutes, même si nous ne ressentons pas la soif de façon notable.

Substances et aliments admis ou bannis?

Certains des aliments ou certaines des boissons vasoconstrictrices qui contiennent de la caféine pourraient augmenter le métabolisme de base, mais ils produisent aussi une vasoconstriction périphérique. Ainsi, les breuvages chauds qui renferment de la caféine peuvent augmenter la résistance au froid s’ils sont ingérés en petite ou moyenne quantité, mais ils produiraient une vasoconstriction excessive ainsi qu’une diminution de la résistance au froid s’ils sont consommés de façon importante (par exemple, plus que cinq cafés par jour). Les médicaments antigrippaux qui contiennent de la phényléphrine entraînent aussi la vasoconstriction des artérioles et pourraient accroître les engelures.

D’autres trucs?

Si vous prévoyez faire une activité aérobique hivernale exigeante, il serait pertinent de vous réchauffer à l’intérieur avant de sortir. Ainsi, votre métabolisme sera pleinement actif et vous éviterez alors de commencer votre activité avec des mains glacées. Aussi, lorsque vous pratiquez le ski ou la raquette, gardez vos mains relativement basses et relâchez-les régulièrement afin d’éviter, encore une fois, une vasoconstriction exagérée. Un truc très utile : apportez une deuxième paire de gants et une tuque pour pouvoir les changer lorsqu’ils seront humides. Puis, rappelez-vous que la couche de base joue un rôle déterminant dans votre confort. Optez pour des sous-vêtements de bonne qualité, qui respirent bien et qui conservent votre chaleur corporelle.

Le stress thermique comporte-t-il des vertus médicinales cardiovasculaires?

Les bains nordiques amélioreraient la vitalité, le métabolisme et la circulation artérielle et veineuse. À cette enseigne, les bains dits « contrastes », c’est-à-dire ceux qui alternent le sauna et la glace, seraient encore plus bénéfiques. Une raison de plus d’aller au spa nordique! En terminant, saviez-vous que l’utilisation régulière du sauna contribuerait à diminuer le risque de maladies cardiovasculaires et de mort subite?

Et pour les plus curieux…

Laukkanen T, Khan H, Zaccardi F, Laukkanen JA. Association between sauna bathing and fatal cardiovascular and all-cause mortality events. JAMA Intern Med. April 2015; 175(4):542-548.

Michel White, cardiologue

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Dr Michel White

Professeur titulaire de médecine et clinicien-chercheur à l’Institut de Cardiologie de Montréal, le docteur White s’intéresse aux divers aspects de la santé cardiovasculaire et de la physiologie de l’exercice. Il est aussi un amateur de plein air et un grand aventurier. C’est d’ailleurs lui qui a accompagné, pour la première fois de l’Histoire, un greffé cardiaque dans une ascension en haute altitude, au Mont-Blanc. Sans compter qu’il a aussi skié sur les deux pôles avec des patients greffés du cœur. De manière plus personnelle, le docteur White participe à des courses de longue distance, prend part au marathon canadien de ski de fond annuellement et pratique le vélo de façon régulière.