Du camping extrême… extrêmement confortable!

Planter sa tente dans un champ, une forêt ou un terrain de camping, c’est assez commun pour une nuit en plein air. Toutefois, fixer son nid douillet à 40 mètres du sol sur une paroi d’escalade, c’est une tout autre paire de manches. Jade Hallé et Jonathan Bélanger ont tenté l’expérience et, selon eux, jamais une nuit en plein air n’aura été aussi confortable.

Jonathan grimpe depuis près de 10 ans. Il a suivi toutes les formations recommandées pour grimper en escalade artificielle, en escalade traditionnelle et en escalade de glace. Quand il rencontre Jade, il l’initie à son sport de prédilection. Alléluia, elle aime ça! Avec le temps, « elle est rendue meilleure que moi! » confie-t-il sans aucune gêne.

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Photo : Jonathan Bélanger

Ensemble, ils rêvent de voies dont l’ascension s’étale sur plusieurs jours. Dans le jargon de l’escalade, on appelle ces longues voies big wall ou grandes voies. Bien entendu, on ne se lance pas dans un tel projet sans préparation, d’où cette expérience de camping inusité à La Conception, dans les Laurentides.

« Nous sommes partis un vendredi soir vers 18 h de Laval, en direction de la Montagne d’Argent », explique Jade pour qui la nuit suspendue à une paroi allait être une première expérience. « Notre but c’était vraiment de faire du camping et non de grimper une grosse voie. C’est pourquoi on a choisi d’escalader La petite bière, une paroi en dalle qui se termine par un mur vertical, pour poser le portaledge », ajoute Jonathan. Le fameux portaledge, ou plateforme de bivouac, c’est un plateau de tissu suspendu dans les airs et soutenu par une structure faite de tubes d’aluminium. Léger et solide, il est conçu pour être accroché à un point du relais et pour supporter les dormeurs et tout leur matériel.

Attaque nocturne

C’est avec les derniers rayons du soleil d’été que les deux aventuriers commencent à installer leur plateforme pour la nuit. « Ça demande beaucoup de coordination de la part des grimpeurs », affirme Jonathan, qui a déjà accompli cet exploit une dizaine de fois avec son frère. Mais avec sa douce, il s’agit d’une première tentative. Tout se passe bien, mais l’installation prend plus de temps que prévu et ils terminent le montage, éclairés par leurs lampes frontales.

Qui dit lumière dans l’obscurité dit… papillons de nuit! Un spécimen particulièrement énorme vole en direction du visage de Jade. « Elle n’a pas peur des bibittes, mais celui-là était tellement gros qu’elle l’a chassé avec beaucoup de vigueur et ses lunettes ont fait un vol plané », explique Jonathan. Depuis cette mésaventure, la grimpeuse ne s’aventure plus sur une paroi sans ajouter une cordelette à ses lunettes! « En escalade, tout ce que l’on traîne doit être attaché. Parfois ton meilleur ami sur une paroi, c’est le duck tape! », conclut le grimpeur. Heureusement pour Jade, ses lunettes l’attendent aux pieds de la voie, le lendemain matin.

Poser pied

Après avoir été interrompus par le papillon voleur de lunettes, les grimpeurs devaient maintenant poser le pied sur la plateforme suspendue. « C’est stressant quand tu mets ton pied sur la toile. Tu as l’impression que ça va déchirer en dessous de ton pied », raconte Jade. Elle ajoute : « Une fois allongé, tout va bien et ça ne bouge plus. Mais dès que tu mets trop de poids sur un point, ça se remet à bouger. Il faut se dire, bon OK, c’est fait pour ça, c’est assez solide, ça ne lâchera pas. Et si ça lâche, eh bien, on est attachés à un autre relais, alors il n’y a aucun risque. » Jonathan, qui possède beaucoup d’expérience en escalade traditionnelle, renchérit : « Plusieurs personnes ne sont pas capables de se faire à l’idée, mais dormir sur la paroi, ça reste quand même le moment le plus sécuritaire de l’ascension. »

Dormir à la belle étoile

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Photo : Jonathan Bélanger

La nuit est douce, donc il n’est pas nécessaire d’installer une toile sur le portalegde. Les grimpeurs, en tout temps fixés à la paroi, se glissent dans leur sac de couchage. « Il ne faut pas oublier d’enlever tous les mousquetons de notre harnais avant de nous coucher, sinon on va les sentir toute la nuit! », précise Jonathan. Bien attachés, au chaud et sous un ciel étoilé que Jade ne peut admirer pleinement sans ses lunettes, les amoureux tombent dans les bras de Morphée.

« Allongé dans les airs, sur une toile, c’est beaucoup mieux que sur le sol », assure Jade. En effet, durant la nuit, aucun raton laveur ne vient fouiller dans vos provisions. Aucune racine mal placée ne vient vous piquer entre les omoplates. En hauteur, c’est paisible et confortable.

Bien entendu, ce style de camping, ce n’est pas accessible à tout le monde. Les campeurs en hauteur sont des mordus d’escalade qui, avant de dormir sur une paroi, ont pratiqué ce type de montage dans un cours d’escalade et dans des arbres. Et même si, selon leur avis, « tu dors vraiment mieux qu’en camping ordinaire », il ne faut pas oublier que ça demande un peu, voire beaucoup, plus de logistique. Par exemple, soulager ses besoins naturels sur une petite plateforme chancelante où il faut constamment porter son harnais, ce n’est pas une chose facile. Encore moins pour la gent féminine. Il ne faut pas oublier d’apporter son urinette!

Le lendemain matin

Au réveil, les campeurs prennent quelques secondes pour se rappeler qu’ils ne sont pas dans leur lit à la maison, mais bien à 40 mètres du sol. « Tu as une perspective qui est folle. Un matin qu’il fait beau, le paysage est splendide! », affirme Jonathan. Dormir sur une paroi, c’est être aux premières loges du spectacle de dame nature. « Les gens pensent à tort qu’il faut être fou pour dormir suspendu dans les airs », constate-t-il. Pourtant, Jonathan et Jade s’entendent pour dire que c’est une expérience sécuritaire et formidable.

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