Chronique d’un passionné de vélo de La Cordée…
Parti seul à vélo sur des routes tranquilles, je prévoyais parcourir une centaine de kilomètres. J’en ai fait 26… dont 7 à pied.
Engagé sur un rang de la Montérégie profonde, je ne réussis pas à éviter un caillou pointu dans une section de travaux routiers. Le pneu à plat, je ne m’énerve pas, je sais que j’ai des chambres à air de rechange. Après vérification, pas de dommage au pneu, donc la réparation sera simple. La chambre à air rapidement changée, je sors la pompe… qui refuse de pomper. Je me dis qu’il s’agit d’ouvrir celle-ci pour travailler un peu le piston de caoutchouc. Je remarque pour la première fois que le mécanisme est bloqué par un boulon hexagonal de petite taille. Je n’ai pas l’outil nécessaire. Je n’ai pas le système de gonflage au CO2; mes options s’amenuisent. Je me rends à l’évidence : je dois piler sur mon orgueil, prendre mon téléphone et convaincre ma conjointe de venir à ma rescousse. La pile est à plat, comme mon pneu… et mon moral.
Je me dis que je suis à deux kilomètres du croisement le plus proche et que si je m’y rends, j’aurais la chance de voir passer des cyclistes qui pourront me dépanner. Chaque ferme en chemin est à environ 200 m de la route, il est donc exclu d’arrêter dans chacune d’entre elles pour demander si une pompe est disponible. Je fais pourtant un essai chez l’une d’elles, où une fête se déroule, mais l’expérience est plutôt décevante. Il y a bien un compresseur, mais il n’est pas compatible avec les valves presta de mon vélo et je n’ai pas l’adaptateur qui permet la conversion. J’arrive finalement au croisement sans voir de cycliste, ni même de voiture. Plutôt que de rester sur place au soleil à espérer un sauveur, je décide de m’engager sur le rang transversal qui mène à une route plus passante. Je parcours les cinq kilomètres qui m’en séparent sans qu’aucun confrère à vélo ne se pointe. Les rares automobilistes qui passent filent tout droit sans sourciller, indifférents au spectacle d’un cycliste qui marche en bordure de la route (quoi de plus normal).
Au croisement suivant, les camionnettes, fourgonnettes, VUS et autres véhicules de bonnes dimensions ne jugent pas bon ralentir. C’est finalement une petite voiture, conduite par une bonne samaritaine, qui s’arrête. Nous rabattons la banquette arrière et réarrangeons l’intérieur pour que je puisse y caler mon vélo. Vingt minutes plus tard, je suis de retour à ma voiture.
Le lendemain, à la première heure, je me dirige dans le rayon vélo de mon magasin favori pour m’assurer que mon sac de selle comprendra désormais, en tout temps :
- Deux chambres à air : parce que faire deux crevaisons dans la même sortie, ça arrive;
- Des rustines autocollantes (des « patches » en bon québécois) : parce que faire trois crevaisons dans la même sortie ça arrive aussi;
- Un gonfleur CO2;
- Deux cartouches de CO2;
- Une pompe qui fonctionne : parce que manquer son coup avec les cartouches de CO2, ça peut arriver;
- Un outil multifonction de petit format pour réparer la pompe qui ne fonctionne plus et effectuer de nombreuses autres petites réparations;
- Des clés à pneu : à moins d’avoir les doigts assez forts pour démonter et remonter un pneu sans elles;
- Un adaptateur pour les valves presta;
- Une rustine pour pneu : dans le cas où le pneu a été coupé ou perforé;
- Un téléphone cellulaire, qui fonctionne.
À mon grand étonnement, tout entre dans mon sac de selle. Et pour ceux dont le sac de selle ne compte pas tous ces essentiels, prenez note que, depuis l’été 2012, le CAA offre l’assistance vélo. Si vous êtes membre et dans le besoin, vous avez donc la possibilité de piler sur votre orgueil en les appelant plutôt que de ravaler votre fierté en appelant un proche. Ça vous prendra tout de même un téléphone bien chargé… et une connexion au réseau.
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