Seulement deux ans après s’être lancé dans le paracyclisme, Sébastien Héroux commence déjà à récolter les fruits de sa persévérance et de sa détermination. Rencontré après son entraînement quotidien, il nous raconte avec générosité à quoi ressemble sa nouvelle vie d’athlète para. Première rencontre de la saison avec un athlète tout aussi sympathique qu’inspirant.
Depuis des années, Sébastien carburait au vélo de montagne. Quand la santé lui a fait faux bond, il y a quelques années, il a été forcé de mettre un terme à ses sorties sur la montagne parce qu’elles se soldaient souvent par des blessures. Plus tard, c’est son emploi qu’il a dû quitter. En plus de devoir composer avec une santé fragilisée, il s’est retrouvé avec un grand vide à combler : « Ça a été tough les six premiers mois parce que je suis quelqu’un qui a besoin que les choses bougent autour de moi. Tout ça, ça laissait un grand vide. Mais j’ai fini par remplir le trou. » Question de préserver sa santé physique et mentale, l’athlète a troqué son bolide de montagne contre une monture de route puis s’est mis à s’entraîner intensément sur le bitume.
« Le vélo de route, c’est devenu mon mode de vie. Je roule six jours sur sept, et mes semaines sont bien remplies. » Il faut dire que l’athlète, qui conjugue avec rigueur famille et entraînements, est déterminé et ambitieux. L’an passé, à sa première année de compétition chez les paracyclistes, Sébastien souhaitait déjà performer aux Championnats canadiens pour pouvoir se tailler une place aux Coupes du monde en 2016.
« […] j’ai vite constaté que la plupart des gars qui couraient dans ma catégorie s’entraînaient depuis plusieurs années pour faire les Coupes du monde. Je dois donc être patient et m’entraîner plus durement. » Mais Sébastien n’a pas eu à attendre de nombreuses années avant d’avoir la chance d’aller briller à l’étranger. Dès cette année, le programme de soutien aux athlètes Nextgen, qui parraine Sébastien, lui a offert une participation à la Coupe du monde de Bilbao en Espagne, en juillet prochain. Une reconnaissance inespérée pour cet athlète de talent qui, rappelons-le, en est seulement à sa deuxième année dans la compétition.
Le paracyclisme : un choix
Cycliste chevronné, Sébastien court aussi chez les maîtres puisque sa condition physique le lui permet. « Les courses chez les maîtres, je m’en sers comme de gros gros entraînements. Je ne me fixe pas d’objectif précis pour ces compétitions-là. »
Encadrées par l’UCI, les classes de paracyclisme sont déterminées en fonction du type de vélo utilisé. Comme Sébastien roule avec un vélo régulier, il est dans la classe C.
Par la suite, cette classe se subdivise en fonction du degré d’influence de leur handicap (de C1 à C5). Les paracyclistes de la classe C5 sont ceux qui composent avec un handicap moindre. Cette année, Sébastien Héroux roule dans la classe C3.
Il a cependant fait le choix du paracyclisme pour préserver sa santé physique, mais aussi parce que ce circuit parallèle est empreint de respect :« On est tous passés par-dessus des difficultés physiques. Personne n’a envie de se replonger là-dedans à la suite d’un accident. »
Il faut savoir que les para-athlètes sont peu nombreux au pays. Regroupés en fonction de leur limitation fonctionnelle, ils forment des groupes parfois un peu hétérogènes. Pour le cycliste de quarante ans qui court dans la catégorie C3 cette année, ce mélange ajoute une difficulté physiologique à la course: « Mon plus proche rival dans ma catégorie a 20 ans. Il faut que je travaille des aspects physiques que lui n’a pas à travailler parce que son cœur et son corps sont plus jeunes que les miens. »
« On a tous une histoire particulière. Sur la ligne de départ, on sait qu’on va devoir dealer avec les handicaps de tout un chacun pendant la course. Moi, par exemple, je ne roule pas toujours droit. Des fois, quand je fais un gros effort, j’ai des vertiges, ma vision commence à se dédoubler et mon vélo a tendance à osciller un peu. En connaissant mes particularités, les coureurs autour de moi ne feront pas le saut si ça m’arrive.»
Pour les para-athlètes, la maladie et la médication modifient la structure régulière des entraînements. « La particularité des athlètes para, c’est vraiment le day-to-day. Il y a des journées où ça va super bien et d’autres, où ton corps a juste le goût de s’effondrer. C’est pour ça qu’un bon entraîneur doit être à l’écoute des besoins spécifiques des para-athlètes et respecter les limites de chacun. »
La convivialité des courses de paracyclisme permet aussi de créer des liens amicaux entre les coureurs. L’an dernier, Sébastien s’est même entraîné avec l’un de ses principaux adversaires pendant quelques jours. Toutefois, quand les coureurs se sont retrouvés sur la ligne de départ, ils sont redevenus des compétiteurs, précise Sébastien. « On a tellement mis d’énergie dans nos entraînements qu’on veut tous gagner à tout prix. Sauf que personne ne joue du coude.»
Une compétition saine qui mène à des résultats surprenants puisque les standards des paracyclistes sont aussi élevés que ceux de l’équipe canadienne régulière.
Dans sa mire
Cette année, c’est aux commandes d’un tout nouveau Leo SL de Devinci que Sébastien cumule humblement de l’expérience : « La route, c’est comme un jeu d’échecs. Il faut savoir lire ce qui s’y passe. Je suis en apprentissage là-dessus en ce moment.»
Cette saison, le cycliste a déjà participé au défi sportif AlterGo ainsi qu’aux Grands Prix de Saint-Raymond et de Charlevoix.
Il poursuivra sa magnifique saison aux Championnats canadiens de cyclisme sur route à Gatineau à la fin juin avant de s’envoler vers sa première Coupe du monde de paracyclisme à Bilbao, en Espagne.
La Cordée tient à lui témoigner tout son soutien et toute son admiration. « Go, go, go Sébastien! »
Sébastien Héroux
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