Par Louis-Philippe Gagné,
ambassadeur de course sur sentier
La fin d’une saison de course en forêt me rend à la fois nostalgique et heureux. Ma saison se termine habituellement à l’automne. Je suis toujours content de mes réalisations, des aventures que j’ai vécues et des amis que j’ai croisés pendant les courses. Mais ça me rend nostalgique quand tout cela se termine. En même temps, comme je suis fatigué d’avoir parcouru tant de kilomètres, je trouve qu’il est bon de me reposer et de ne plus avoir d’objectifs à atteindre avant plusieurs mois.
J’aime courir l’hiver, mais pas autant que l’été. De plus, je dois profiter de la saison creuse pour laisser mes jambes se reposer un peu afin d’éviter que mes vieux bobos refassent surface. Mes objectifs pour 2016 ne sont pas encore complètement établis. Pour le moment, j’ai inscrit deux courses à mon calendrier. La première est le Bear Mountain Endurance Challenge, un 80 km organisé par The North Face, dans l’État de New York, le 30 avril. Ce sera ma deuxième participation au 80 km de cet événement. L’an passé, cette course m’avait fait mal*. Cette année, ce sera un peu ma revanche; une douce revanche toutefois. Je ne pense pas pouvoir faire mal au parcours comme lui m’a fait mal l’an passé. Je veux seulement le compléter en ayant du plaisir pendant toute la course et je souhaite le faire un peu plus vite que l’an passé, si possible.
La deuxième course inscrite à mon programme 2016 est le 120 km de la Petite trotte à Joan, à Saint-Donat, à la fin juin. Il s’agit d’une course sur invitation qui regroupera 16 coureurs cette année. Cet événement consiste à faire l’aller-retour du populaire 60 km du Ultimate XC.
Une participation au Bear Mountain Endurance Challenge et à la Petite trotte à Joan requière un entraînement intense cet hiver. Or, j’ai un historique de blessures sportives assez important. Je peux tout de même faire de gros volumes d’entraînement, mais je dois varier les activités. Je me suis demandé comment faire pour être au sommet de ma forme à la fin avril sans trop m’entraîner ni me blesser.
Eh bien, ce n’est nulle autre que Jacqueline Gareau qui a répondu à ma question en me conseillant un exercice inattendu : l’aquajogging! Il fallait bien que cette suggestion provienne de la plus grande marathonienne du 20e siècle au Canada pour me convaincre d’essayer ce sport. Je n’ai jamais vraiment pris cette activité au sérieux parce que j’estimais qu’elle était bonne pour les grands accidentés qui devaient recommencer à bouger. Moi, qui suis en pleine forme et qui n’a aucune blessure, j’allais commencer mon entraînement pour courir le 80 km en montagne en moins de 10 heures avec de l’aquajogging? J’ai accepté l’idée juste parce que c’est Jacqueline la suggérait…
À la fin novembre, sur les bons conseils de la grande marathonienne, j’ai donc sauté à l’eau avec ma veste de flottaison pour effectuer des centaines de cercles dans l’eau, en m’éreintant à force de courir en apesanteur. Vitesse fondamentale, sprints, intervalles et exercices techniques de course à pied, tout se faisait en aquajogging! Entre trois et quatre fois par semaine, j’avais l’air un peu bizarroïde en faisant de grands cercles dans le creux de la piscine pendant une heure et demie. Dans le vestiaire après le bain libre, plusieurs nageurs, intrigués par mon obsession de tourner en rond, me demandaient ce que je faisais.
Eh bien, vous savez quoi? Ça fonctionne, l’aquajogging! Non seulement j’ai réussi à travailler très fort en piscine (j’étais toujours exténué à ma sortie de l’eau!), mais je me suis renforci musculairement et j’ai travaillé mon cardio de sorte que je n’ai rien perdu de ma forme. Je me suis servi de la piscine pour augmenter mon nombre d’heures d’entraînement hebdomadaire, sans subir d’impacts, de coups ou de blessures. Plus tard, Jacqueline m’a même mis au défi de faire de l’aquajogging sans veste ; ce que je n’ai pas réussi encore! (Quelle force de la nature, cette femme!)
Toutefois, avec l’arrivée de l’hiver et de la neige (nous avons eu la chance d’avoir de la neige dans les Laurentides!), l’aquajogging a graduellement cédé sa place au ski de fond. Le ski de fond a pris presque toute la place dans mon entraînement à partir de janvier.
Est-ce que j’avais fini de tourner en rond? Oui et non. J’ai skié dans les plus beaux parcs de la région, où on ne tourne pas en rond parce que les pistes sont longues et belles. Mais ce n’est pas dans ces parcs que j’ai le plus skié. Comme mes enfants sont inscrits au club Biathlon Laurentides à Wentworth-Nord, j’ai appris à faire du pas de patin dans les sentiers d’entraînement du club. Pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec le biathlon, ce dernier consiste à parcourir une distance en ski de style « pas de patin » et à tirer à la carabine (à air comprimé pour les jeunes) sur cinq cibles après chaque tour de piste. Le club, en plein développement, veille à l’entretien de trois boucles qui convergent vers la zone de tir. Je me suis donc arraché le cœur, les bras et les jambes à apprendre le pas de patin sur les trois différents parcours, qui sont, disons-le, très exigeants. Le parcours est vallonné et offre de très beaux points de vue. Et qui dit points de vue dit montées (et descentes!) impressionnantes. Ça me donnait une raison extraordinaire de tourner en rond! Bref, j’ai skié pratiquement tous les jours depuis le mois de janvier. J’ai eu la chance de pouvoir glisser sur les pistes près de douze heures par semaine lorsque j’avais le temps. Pour le moment, je cours toujours un peu, mais le ski prend toute la place… ou presque!
Mon équipement de ski de fond:
- Pour le style classique, j’ai découvert la technologie SKIN de Salomon. La zone de fartage est remplacée par une peau qui adhère à la neige lors de la poussée, mais qui permet une glisse très efficace. Ces nouveaux skis ont énormément simplifié ma saison de ski classique en me faisant économiser un temps précieux. Pas de fartage, donc fini les dilemmes pour trouver LA bonne cire : un charme!
- Pour le style pas de patin, j’utilise des bâtons biathlon, même si je ne pratique pas cette discipline. Ces bâtons ont la particularité d’offrir une dragonne qui se détache du bâton sans devoir la retirer de la main. Ce type de système est offert par plusieurs fabricants, mais celui de LEKI est mon favori. Quand on skie avec des enfants, on doit retirer nos bâtons régulièrement pour donner de l’eau et de la nourriture ou pour ajuster l’équipement. C’est dans ces moments-là, entre autres, que les dragonnes qui se détachent des bâtons en une fraction de seconde deviennent magiques.
L’hiver, je suis passionné par le ski, mais le 30 avril prochain, c’est une course à pied que je ferai et non une course de ski. Comme je n’ai pas beaucoup couru cet hiver, le doute a émergé tranquillement dans mon esprit. J’ai peur de ne pas être prêt ou de ne pas avoir une musculature de course à pied adéquate pour le 30 avril. Le 80 km du Bear Mountain Endurance Challenge arrive très tôt dans ma saison de course et je dois adapter mon entraînement en conséquence. Pour tester mon corps, ma forme et pour confirmer ou infirmer mes doutes, j’ai donc décidé de m’inscrire à une course à pied hivernale.
Vous brûlez d’envie de savoir comment s’est passée ma course? Lisez-moi la semaine prochaine sur ce blogue!
* Revisitez ma course 2015 ici.
Louis-Philippe Gagné
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