Par Michèle Leclerc, auteure, cinéaste pour les Grands Explorateurs
et maman de neuf enfants.
Nous sommes les 11. Nous avons toujours voyagé ensemble : deux parents accompagnés de leurs neuf enfants, âgés aujourd’hui de 10 à 27 ans. Nous avons, entre autres, traversé l’Islande à vélo. Nous filmons nos voyages et nous vous présentons nos plus belles images lors des conférences des Grands Explorateurs. Nous revoilà sur les routes du monde.
La France
Nous sommes le samedi 14 novembre. Ce matin, nous apprenons qu’il y a eu un attentat à Paris. Nos plans changent. L’état de siège est décrété en France pour une période de trois mois. Les fêtes et rassemblements sont annulés. Les rues sont vides. Les lieux touristiques sont déserts.
Nous arrivons en Normandie, la terre de mes ancêtres, les Leclerc. Nous roulons vers Rouen, puis vers le Mont-Saint-Michel. Il pleut. Le brouillard couvre tout le paysage. Dès que nous arrivons dans le stationnement de ce célèbre lieu touristique, la pluie s’arrête comme par magie. Comme c’est l’heure de manger, nous sortons notre pique-nique pendant que le ciel se dégage tranquillement. Derrière un voile de brume, le monastère se découvre. Nous préparons notre sac à dos et le couvrons d’une housse imperméable, au cas où l’humidité n’aurait pas fini de tomber. Nous marchons vers la navette qui nous mènera au Mont-Saint-Michel. Au loin, la marée est basse. Des kilomètres de sable entourent l’imposant massif.
Rendus sur place, nous y apprenons que la marée s’étend sur dix-huit kilomètres. Au pied du monastère, un petit village abrite une vingtaine de personnes, alors qu’autrefois, y habitait une plus grande population, dont les intendants du monastère.
Trois cent soixante-cinq marches doivent être gravies avant de pousser la porte de l’immense cloître. Une guide nous y attend. Elle nous raconte que plus de trois millions et demi de personnes viennent ici, chaque année, ce qui fait une moyenne de dix mille touristes par jour! Les groupes qu’elle guide sont, en général, composés d’une centaine de personnes. Or, aujourd’hui, nous sommes chanceux parce que notre visite est privée.
La construction du monastère est une réelle prouesse architecturale. L’histoire raconte que l’abbaye aurait été bâtie à la suite d’une vision de l’évêque d’Avranches, saint Aubert. Ce dernier aurait aperçu, à trois reprises, l’archange saint Michel, qui aurait demandé la construction d’un oratoire pour s’y faire louanger. Aubert aurait ignoré les deux premières apparitions parce qu’il croyait qu’il devenait fou. Or, la troisième fois, comme saint Aubert aurait eu le crâne perforé par le doigt d’un saint Michel furieux de ne pas avoir été écouté, il aurait fait une campagne de financement auprès des citoyens pour pouvoir commencer les travaux de l’abbaye. On raconte qu’il aurait amassé une somme considérable pour installer, au sommet du monticule rocheux, la chapelle dédiée à l’archange.
Au fil des siècles, la vocation du Mont-Saint-Michel se modifie. D’ailleurs, après la Révolution, le monastère devient une prison. Il faut dire que sa position stratégique (il est entouré de sables mouvants) découragerait le plus hasardeux des prisonniers qui souhaiterait s’y échapper!
Nous terminons la visite dans la pénombre. Ensuite, nous prenons place dans une navette et attendons quelques instants, le temps que d’autres visiteurs nous rejoignent. La marée haute entoure maintenant l’île. Nous observons les lumières qui illuminent ce lieu mythique.
Puis, arrivés au stationnement, nous grimpons à bord de notre casita mobile. Nous n’avons qu’un seul voisin : une caravane qui fait trois fois la longueur de notre véhicule. Il faut dire que les Français permettent que l’on se gare, pour la nuit, dans le stationnement de nombreux lieux touristiques et de centres commerciaux.
Ce soir, c’est au tour de Jean-Cristoph de cuisiner. Nous sortons notre petit poêle multicombustible. Celui-là, il nous est fidèle depuis une dizaine d’années déjà. Il est pratique sur la route parce qu’il fonctionne à l’essence C, au kérosène, au gazole (diésel) et à l’essence sans plomb. Donc, pas besoin de se casser la tête pour trouver du combustible quand vient le temps de le remplir.
Une fois la vaisselle lavée, nous retirons la table et nous nous installons pour dormir. Chacun a sa place. Avant de se coucher, les garçons sortent pour aller à la toilette. Les filles les envient un peu de pouvoir se soulager debout. Je leur parle alors d’un petit entonnoir qui permet aux filles de faire pipi debout. Évidemment, elles en veulent un! Quand tout le monde est prêt à dormir, nous soufflons les bougies et la noirceur tombe instantanément. Et c’est sur cette image d’entonnoir à faire pipi debout que nous nous endormons.
Demain, nous partons en direction de l’Espagne. Deux membres des 11 y atterriront dans quelques jours. Disons que nous évitons les aéroports français ces temps-ci à cause des menaces d’attentats…
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