Nous sommes le 8 janvier, il est 6 h 53 et il fait -23 °C. Les boîtes qui contiennent nos vélos, nos huit sacoches et nos deux sacs fourre-tout hydrofuges SealLine sont sur le balcon. C’est le jour J. Nous n’avons pas dormi de la nuit tellement nous étions excités et stressés. JA surveille par la fenêtre l’arrivée de la camionnette taxi que nous avons réservée la veille. À son arrivée, le taxi n’a rien d’une camionnette. Le chauffeur, quant à lui, est convaincu que tout notre attirail entre dans son véhicule. Pas nous. Après plusieurs essais et sûrement une bonne connaissance du jeu Tetris, le chauffeur finit par avoir raison. Tout entre! Ne jamais sous-estimer un chauffeur de taxi, surtout à 6 h 57 du matin! Je barre la porte de l’appartement et met les clés dans la boîte aux lettres. C’est officiel, nous n’avons plus de maison.
Après 8 heures d’autobus et 10 heures de train, nous sommes tous les deux épuisés. Nous embarquons finalement dans le dernier train, qui nous transporte, 11 heures plus tard, à Savannah. (Petit conseil pour ceux qui voyagent en train : apportez des provisions de nourriture avec vous. La bouffe de train n’a vraiment rien d’un cinq fourchettes : le hamburger chauffé au micro-ondes peut même rebondir si vous l’échappez par terre! ).
Nous passons deux jours à Savannah pour nous reposer et pour faire les derniers préparatifs. C’est sous un soleil radieux, mais dans un froid frôlant le point de congélation, que nous donnons nos premiers coups de pédale. Nous qui pensions éviter les froids du nord. Même les gens d’ici nous disent que la température est inhabituellement froide pour cette période de l’année. Super! Heureusement, les sacs de couchage en duvet et les petits draps d’auberge en soie nous apportent un confort s’approchant d’un cinq étoiles. Les réveils sont parfois brutaux, surtout lorsque j’annonce à JA qu’un raton laveur a confondu ma sacoche avec un sac de chips. Résultat? Un beau gros trou dans ma sacoche avant. Notez que nous avions suspendu, comme tout bon campeur, toute notre nourriture et que ladite sacoche n’en contenait pas. Ça ne vit pas que dans le nord, les ratons? Ça a l’air que non. En tout cas, nous l’avons appris à nos dépens.
La Floride. Ici, c’est le paradis du plat (d’ailleurs, JA a vraiment hâte de changer de relief), du vent (toujours dans notre face), des petits ponts (parfois des moyens) et des VR. Dans les parcs provinciaux, nous sommes souvent les seuls à camper sous une bonne vieille tente. Certains nous disent « You’re doing old school camping ! ». Comme si dormir sous la tente appartenait à une autre époque. Le soir, on peut même entendre les téléviseurs de certains VR. Ils sont vraiment installés en tout confort. Ce qui est le plus rigolo, c’est de voir les campeurs nous observer du coin de l’œil, comme une espèce rare. Nous espionner en train de sortir nos chaises et nos poêles pour nous faire un bon repas de poisson, éclairés par notre petite lanterne qui nous sert de chandelle. Nous qui sommes si nus sur nos deux vélos avec nos sacoches ; nous nous sentons petits, mais tellement grands en même temps!
Depuis notre arrivée, toutes nos nuits sont plutôt bruyantes puisque nous longeons la côte Atlantique et que l’autoroute I95 n’est jamais bien loin. Nous essayons de nous imaginer que le bruit des voitures et des camions, c’est comme le bruit des vagues. Mais ça ne fonctionne pas à tous les coups. Rendus dans les Everglades, au Midway Campground, en plein milieu de nulle part, nous pouvons enfin entendre les petites grenouilles et les rainettes se chanter la pomme. Enfin ! le calme paisible. Bon, jusqu’à ce qu’un monsieur, qui semble être un très bon ami de Bacchus, vienne monter sa tente juste à côté de la nôtre avant de s’endormir et de faire compétition à tous les ouaouarons du parc des Everglades. Vive les bouchons et les fous rires de fatigue !
L’aventure, c’est l’aventure et ça nous convient très bien!
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