Par Maxime Durand
Il y a dix ans, alors que je me passionnais pour tout ce qui est sports d’extérieurs, j’aurais probablement ri si on m’avait dit que plus tard, j’habiterais en banlieue et que j’aurais un garage ainsi qu’un gym d’entraînement à la maison. Et pourtant, en y repensant, ce n’est peut-être pas si saugrenu. Le stéréotype de l’animal de musculation qui rôde dans un centre d’entraînement colle toujours aussi mal à ma personnalité, mais le désir de me dépasser, lui, est resté le même. Il a même fort probablement augmenté. Aujourd’hui, dans ce billet, je n’essaierai pas de vous convaincre d’utiliser un cyclo-entraîneur ou de vous mettre à l’haltérophilie quand le temps est gris et froid, je vais simplement vous partager le truc que j’ai trouvé pour m’aider à concilier vie familiale et objectifs sportifs.
Au départ, je voulais juste m’améliorer, me pousser à fond. J’ai donc essayé plusieurs options, par exemple, le spinning en salle. Accessible un peu partout, à toutes heures, en solo ou avec des gens sympathiques (en général), je pensais que c’était une bonne option pour moi. J’aimais y aller pour l’ambiance, mais je détestais utiliser un vélo stationnaire. Même si je prenais quelques minutes avant chaque séance pour bien ajuster ma monture immobile, je finissais toujours avec un pépin qui venait brouiller mon expérience (vélo mal graissé, limitation de temps, pièce mal ajustée, etc.). À la fin, lorsque mon entraîneur me donnait un entraînement à faire sur un vélo de spinning, j’anticipais à quel point j’allais rager. J’ai fini par réaliser que tous ces irritants me faisaient perdre du temps ou de l’efficacité. Je me rendais compte que toutes ces distractions pouvaient être une bonne raison (de plus!) de ne pas compléter un entraînement, outre tous les impératifs de la vie.
Bon, installer un cyclo-entraîneur dans mon garage ne m’a évidemment pas enlevé toutes les bonnes excuses que je pouvais me trouver pour ne pas m’entraîner, ni mon penchant pour rouler à l’extérieur, mais ça a retranché une bonne dose d’irritants.
J’ai commencé par acheter un moulin à vent usagé à 20 $. Au début, je recyclais un vieux pneu fini, mais j’ai rapidement changé pour un pneu durable de cyclo-entraîneur lorsque j’ai réalisé l’avantage de ne pas avoir à récupérer sur le mur les morceaux de pneus désintégrés par la friction… J’ai fini par acheter un trois-rouleaux, une plateforme autopropulsée sur laquelle je travaillais principalement mon équilibre. J’ai beaucoup aimé, mais lorsque j’étais en appartement, mes voisins appréciaient moins le grondement d’avion que ça faisait au sol quand je moulinais.
Ironiquement, c’est maintenant dans le quasi-silence que je roule dans mon sous-sol de bungalow ou dans mon garage (sans voisin) avec un Tacx Neo Smart. Vraiment, avec cet appareil intelligent, connectable à diverses plates-formes d’entraînement, il n’y a aucune raison de ne pas s’entraîner toute l’année à l’intérieur. Soit que je programme un entraînement spécifique automatiquement régulé par Neo, soit que j’opte pour l’aspect social du logiciel multiplateforme Zwift. Comme j’utilise toujours sur le même vélo, ça me permet de travailler une position aérodynamique exigeante : une position identique à celle que je dois adopter sur mes vélos quand je roule à l’extérieur. Ça a diminué grandement mes maux de dos, car je m’entraîne dans la même position que lorsque je fais du vélo de route ou du contre-la-montre.
Enfin, m’entraîner à la maison répondait à un autre impératif : me donner la liberté de choisir le moment de mes entraînements. Le triathlon ou les autres sports que je pratique m’amènent à m’entraîner jusqu’à quinze heures par semaine en dehors de mon domicile. (Faites le calcul, ça fait donc beaucoup de temps passé en dehors de la maison outre mes heures de travail.) Bien que je tentais de m’entraîner le plus possible pendant l’heure du midi, ça n’était pas suffisant. M’entraîner à la maison venait donc répondre au besoin d’y être plus souvent.
Sans compter que l’entraînement à la maison, c’est aussi pratique. En plaçant deux cyclo-entraîneurs devant la télévision (avec quelque chose d’intéressant à regarder sur l’écran), je peux passer plus de temps avec ma conjointe. Chacun s’entraîne à sa force respective, mais dans le même espace (une dynamique plus difficile à obtenir en sortie extérieure). Même en été, lorsqu’il pleut ou que le temps me manque pour sortir mon vélo, je mise régulièrement sur mon cyclo-entraîneur pour maintenir la forme.
Pour compléter mon entraînement, je compte sur la musculation, une à deux fois par semaine. Courir, nager et rouler sont des activités très répétitives, à risque de blessure. Le renforcement musculaire permet entre autres de prévenir les bobos en travaillant les parties du corps moins sollicitées.
Je fais aussi de la musculation depuis maintenant plusieurs années; toujours sous les recommandations d’un programme établi par un kinésiologue. (J’ai essayé l’entraînement croisé également (crossfit). L’effet d’entraînement de groupe est réel, mais le prix des cours m’a rebuté, tout comme la difficulté à trouver une heure qui me convenait.) Je me suis donc décidé à m’acheter et à installer le nécessaire de musculation pour la maison. J’ai opté pour une barre olympique et des poids que j’ai installés dans le garage. J’ai choisi un modèle mural rétractable pour soutenir la barre olympique et pour optimiser l’espace. Le support à barre olympique mobile me sert à faire des chin-ups ou à mettre des anneaux olympiques : deux exercices très utiles pour renforcer le tronc (que l’on utilise dans à peu près tous les sports d’ailleurs).
Au sol, des tapis d’hiver antidérapants couvrent la surface nécessaire pour protéger le béton et mes genoux. Le tout est modulaire ce qui fait que lorsque j’ai besoin de place pour faire de la menuiserie ou pour entreposer quoi que ce soit dans le garage, ça demeure possible.
Question coûts, il me faudra évidemment plusieurs années pour rentabiliser un tel investissement (surtout si on le compare à un accès annuel au gym), mais ce que je gagne en temps est difficilement quantifiable.
Résultats? Cette année, j’ai pris part à des compétitions du début avril jusqu’à la fin septembre alors que les années passées, j’étais souvent fatigué avant la fin de l’été. En optimisant mon hygiène d’entraînement et mon temps, j’ai gagné en constance et en énergie tout au long de la saison. Sans compter que j’ai renforci mon corps et donc amélioré mes performances.