L’alarme sonne. C’est samedi, il est 7 h 15. C’est l’heure de nous lever et de réveiller les « petits » encore enroulés dans leurs sacs de couchage, éparpillés dans le gymnase de l’école. Les JEUNES KARIBUS ont une journée remplie qui les attend et les profs qui les accompagnent aussi !
Avant d’entamer un périple d’approximativement 90 kilomètres en ski de fond dans la toundra, les quatre communautés du Nunavik, composées de 33 adolescents, 10 accompagnateurs et 8 guides de motoneige, ont fort à faire et à penser.
Qu’est-ce que JEUNES KARIBUS?
Le projet jeunesse JEUNES KARIBUS se fonde sur quatre piliers de développement : la persévérance, qu’elle soit scolaire, communautaire, sociale ou personnelle ; les saines habitudes de vie ; l’employabilité ainsi que la conscience environnementale et la réappropriation du territoire ancestral.
C’est dans cet esprit que, du 14 au 18 avril 2016, les équipes de Kuujjuaq et de Tasiujaq fusionneront et skieront de Tasiujaq vers Aupaluk pendant que les équipes de Kangirsuk et de Kuujjuarapik s’uniront pour skier de Kangirsuk vers Aupaluk. L’objectif ultime est de réunir les deux groupes de skieurs à Aupaluk dans un débordement de joie, de fierté et de fatigue.
Bien plus qu’une expédition annuelle!
Au début de l’année scolaire, nous, les organisateurs, avons procédé à un recrutement à l’échelle régionale. L’édition 2015, pendant laquelle une équipe de Kuujjuaq a skié jusqu’à Tasiujaq, a permis de générer un enthousiasme contagieux auprès des élèves et des enseignants du Nunavik et a préparé le terrain pour l’édition 2016. Si bien que cette année, quatre communautés se sont lancées dans cette belle aventure.
Entre les mois d’octobre 2015 et de mars 2016, rigueur, persévérance et engagement ont été requis pour s’investir dans l’entraînement et la préparation nécessaires à une telle expédition.
La course à pied, la randonnée, la musculation en gymnase, la pratique de diverses activités sportives, les entraînements sur DVD; bref, tout y est passé. Toutes les bonnes idées d’entraînement et de préparation ont servi à nous mettre en forme et à nous plonger dans toutes sortes d’émotions.
Nous avons organisé des randonnées de quelques heures, des jeux d’habiletés et des courses bihebdomadaires pour améliorer la forme physique de tous.
Souvent, les jeunes et leurs accompagnateurs se sont retrouvés pour cuisiner, pour partager un repas ou quelques conseils ou encore pour vendre des plats à la communauté afin d’amasser des fonds.
Enseignante à Tasiujaq et accompagnatrice de l’équipe locale, Demmi Dolbec nous raconte : « On sue, on se fâche, on rit. On profite des moments avant et après les entraînements pour discuter, apprendre à nous connaitre en tant qu’équipe, partager petit à petit des morceaux de leurs craintes et de leurs aspirations. »
Une fois le matériel de ski de fond rassemblé, les vêtements d’expédition et les traineaux pour le transport de l’équipement bien étiquetés et ordonnés, il nous est plus facile d’aller explorer l’immense territoire qui entoure les communautés nordiques.
Lors d’une expédition comme celle de JEUNES KARIBUS, les besoins primaires deviennent la principale préoccupation : éviter les blessures, se tenir au chaud, utiliser les toilettes et se nourrir. Ces thèmes ont fait l’objet de formations pour les élèves et aussi pour les accompagnateurs, qui ont dû être certifiés secouristes en milieu sauvage et éloigné.
Bien que l’ensemble du financement du projet provienne de subventions, toutes les communautés ont organisé diverses campagnes de financement locales pour que les élèves s’impliquent aussi dans la dimension financière du projet. En plus de vendre des chandails à l’effigie de JEUNES KARIBUS, certaines équipes ont ouvert une cantine, offert des heures de travail à la radio communautaire, organisé des soirées cinéma et même bâti des maisons hantées. Grâce ces activités qui ont publicisé le nom de JEUNES KARIBUS sur différentes plateformes, notre projet fait aujourd’hui partie des discussions dans les villages.
À moins d’un mois de l’expédition, les gens de la communauté attendent, eux aussi, le grand départ. Plusieurs d’entre eux offrent leur aide, prodiguent des conseils et se tiennent au courant des développements de l’aventure. Certains prêtent du matériel aux équipes tandis que d’autres promettent de donner de la viande de caribou ou du poisson pour nourrir les troupes pendant l’aventure.
Alors, si les JEUNES KARIBUS se réveillent un peu tôt un samedi dans une école du Nunavik, ce n’est pas seulement pour manquer quelques jours d’école au mois d’avril, mais bien pour réaliser une grande aventure dans laquelle ils ont investi beaucoup de temps et d’efforts. Bientôt, ils goûteront pleinement au plaisir et à la fierté de s’engager dans un projet collectif qu’ils mèneront à bien.
*Ce texte est rédigé en orthographe rectifiée.