Près d’un mois après le départ de la famille de Montréal, Renaud prend le temps de nous écrire pour nous raconter leur voyage en Tanzanie. Dépaysement, découvertes et aventures sont au rendez-vous pour l’aventurière famille de cinq. Avant de quitter l’équateur terrestre pour la nordicité de la Russie et de la Mongolie, quoi de mieux qu’un retour sur les quatre dernières semaines dans ce pays de l’est de l’Afrique?
Par Renaud T
C’est en Tanzanie que commence notre périple. On s’attendait à être dépaysé et on peut dire que c’est mission accomplie.
Arusha
Après avoir récupéré des 27 heures de voyagement à Dar es-Salaam, nous sommes partis pour Arusha, la troisième ville de Tanzanie, notre point de départ pour un safari.
Évidemment, rien n’est simple ici et malgré quelques petits problèmes nous sommes finalement arrivés à bon port. On a vite appris qu’ici c’est Hakuna Matata, « pas de stress », et Pole Pole, « doucement, doucement ». On s’est donc mis en mode pas de stress et finalement tout c’est bien passé.
Avant de partir à la recherche des grosses bêtes, nous avons eu la chance de loger chez Mary, une grand-mère tanzanienne qui nous a accueilli dans sa magnifique petite maison entourée d’un superbe terrain luxuriant. Bon, il n’y a pas l’électricité tout le temps, il faut prévoir si on veut de l’eau chaude (un jour sur deux) et, évidemment, on oublie Internet. Mais nous sommes super bien accueillis et nous apprenons à nous connaître autour d’un repas typique du coin.
Dès la deuxième journée, wow! Le fils de Mary nous emmène dans deux marchés différents. Après une longue balade qui coupe à travers champs et rivières asséchées, nous arrivons au marché. Il n’y a que des hommes en tenue traditionnelle Massaï. Ils sont venus vendre leurs vaches et leurs chèvres. Les animaux sont en liberté. Nous nous faufilons au milieu de cette foule qui ne doit vraiment pas voir souvent de touristes. Sur le coup, il est difficile de ne pas avoir un petit sentiment de crainte tellement on nous observe de façon intense. Le second marché est encore plus surréaliste. Les chemins de terre sont tellement secs que chaque pas soulève une poussière rouge qui nous envahit les poumons. Le marché est un joyeux chaos.
Après notre séjour à Arusha, nous partons pour huit jours de safari. « Safari », un des rares mots de Swahilie qui fait partie du dictionnaire français et qui veut dire « voyage ».
Notre guide, Saïd, arrive avec un gros 4×4 totalement safari! Au début, on trouve ça un peu extrême comme véhicule. On se sent dans un char d’assaut. Mais on comprend vite que c’est nécessaire. Les routes dans les parcs nationaux sont dans un état catastrophique et c’est sans parler des chemins de brousse ou même du outback pur et simple. On est donc heureux d’avoir notre véhicule vraiment tout-terrain qui, somme toute, est plutôt confortable.
Comme on avait le temps, nous avons opté pour une formule « longue » de safari. Cela nous a permis de faire plusieurs parcs différents, de passer une journée dans un village Massaï, de chasser avec les Bushman et de faire de petites randonnées, là où on le pouvait.
La recherche d’animaux est évidemment la principale activité. Mais nous avons aussi apprécié les paysages fantastiques et tellement différents d’un endroit à l’autre.
Nous avons exploré le parc Tarangire, le parc du Lac Manyara, le lac Eyasi, l’aire de conservation du Ngorongoro et son cratère, le parc du Serengeti… vraiment impressionnant.
Dans les parcs, pas question de sortir du jeep, sauf à de rares occasions. Il y a des endroits pour pique-niquer en pleine brousse. On sent bien qu’on n’est pas chez nous… mais bien chez les animaux.
Le parc national du Lac Manyara
On doit partir au petit matin. Il fait froid. Eh oui, il fait froid en Afrique. Nous avons été un peu surpris, mais comme on avait nos vestes en plumes au fond du sac à dos, pas de problème.
Le parc est coincé entre le lac Manyara et une barrière naturelle montagneuse. Les animaux sont bien protégés dans ce petit paradis. On recherche le léopard, mais on ne le trouvera pas. Par contre, les différents points de vue sur le lac sont spectaculaires. Et on aura droit aux zèbres, antilopes, buffles, babouins, girafes, éléphants et autres…
Le cratère du Ngorongoro
C’est sans doute le plus connu des parcs et, avec celui du Serengeti, un des plus impressionnants. Si on n’a qu’un jour pour faire un safari, c’est assurément là qu’il faudrait aller. En une journée, on se promène amplement dans le cratère et on voit beaucoup d’animaux. Il y a de tout, sauf le guépard et la girafe, qui n’y sont pas.
Pour accéder au cratère, il faut d’abord monter les montagnes qui l’entourent. Par la suite, on continue sur une espèce de crête où on peut croiser plusieurs villages Massaï. Les Massaïs sont les seuls qui peuvent habiter dans l’aire de protection du Ngorongoro (pas dans le cratère, mais autour). Là encore, les paysages sont spectaculaires. On peut alors descendre les 600 mètres de dénivelé qui nous amènent jusqu’au fond du cratère.
On passe de la forêt aux plaines herbeuses, aux lacs et aux champs arides. Il suffit d’ouvrir les yeux et on peut voir des animaux. Il y en a partout. Nous avons eu la chance de tomber sur des lionnes qui finissaient un buffle, mais elles étaient loin et bien cachées dans les herbes.
Le plus impressionnant, toutefois, c’est en sortant du cratère que nous l’avons vu. Des éléphants qui escaladaient les 600 mètres de paroi vraiment pentue! C’était surréel. Ils montaient pas à pas et s’accrochaient avec leurs trompes pour grimper. On s’est dit qu’au rythme où ils avançaient, ils en auraient pour deux jours. Eh non! Ils ont grimpé toute la nuit et au petit matin, en sortant du lodge nous sommes tombés face à eux. Magique!
Le parc national du Serengeti
C’est dans ces grandes étendues que nous verrons le plus de fauves. Bien sûr, les éléphants, les girafes, les zèbres, les autruches, les gazelles, les hyènes, les hippopotames et les crocodiles seront au rendez-vous. Mais ce sont quand même les lions, léopards et guépards qui sont le plus impressionnants cette fois-ci.
On a mangé à cinq mètres de deux lions qui faisaient la sieste. Bon, on est resté bien assis dans le jeep pour manger, mais quand même. On a vu des lionnes partir à la chasse, un léopard qui mangeait son antilope dans un arbre et des guépards qui se cherchaient à manger.
Les deux soirs passés dans le Serengeti, nous les avons passés dans une tente au milieu des animaux. Des tentes de luxe, il faut le dire, car nous avions une « douche » et une « toilette ».
Dormir dans la savane, c’est toute une expérience. On a entendu des hyènes qui essayaient de venir manger les restes de nourriture, un éléphant qui se baladait, un buffle… et un lion! Mais personne n’a eu besoin d’utiliser son sifflet pour appeler à l’aide! Encore une fois, une expérience complètement folle.
Les Bushman et les Iraqw
Il existe plus de 120 tribus en Tanzanie. Si certaines se sont modernisées, d’autres restent très ancrées dans leurs traditions. Selon notre guide, les Hadzabe font certainement partie de ces dernières. C’est une tribu de chasseurs-cueilleurs relativement nomade. Le gouvernement a déjà essayé de les sédentariser (entre autres en leur donnant du bétail) principalement pour s’assurer que les enfants aillent à l’école, mais ça ne semble pas fonctionner.
Nous avons aussi eu la chance de visiter une famille Iraqw (prononcez Iraki) perdue dans la brousse aride près du Lac Eyasi. Les Iraqw de cette famille récupèrent et travaillent le métal. Ils font des flèches pour les arcs des Bushmans et des bracelets… sans doute pour les touristes.
Catherine a eu une conversation extraordinaire avec la mère de famille. Elle était heureuse de savoir que nous avions des enfants, car, nous a-t-elle expliqué, elle sait que certains « muzungou » (étrangers) n’ont pas d’enfants ou que s’ils en ont, ils ne viennent pas nécessairement avec eux dans son pays, et c’est complètement impensable pour elle.
Le village Massaï
Les Massaïs sont polygames. Nous visitions un village Massaï dont le chef a 8 femmes et plus de 60 enfants.
Dans la journée, les hommes se retrouvent dans un endroit à l’écart du village où les femmes ne sont pas admises. Ils mangent là selon un ordre hiérarchique bien établi et partagent le « médicament » du jour. Nous avons eu la chance de manger avec eux la chèvre préparée pour le repas du midi. On nous a proposé le « médicament » du jour, mais nous avons refusé. Il est constitué d’écorce d’arbre (pour le goût, nous a-t-on dit), des restes de la chèvre qui ne se mangent pas et d’un beau gros verre de sang frais.
Ce qui ressort de cette visite c’est le paradoxe entre ce profond ancrage dans leurs valeurs ancestrales et le fait qu’inévitablement, ils se dirigent vers la modernité. Dans toute cette simplicité (je ne dirais pas pauvreté), beaucoup ont dans leur tunique leur téléphone intelligent et, souvent, on peut voir pendre, autour de leur cou, une paire d’écouteurs.
Zanzibar — la mer
On se repose sur le bord de la plage à Zanzibar. On en profite aussi pour aller plonger. On avait entendu dire que c’était un des plus beaux endroits au monde pour la plongée sous-marine.
Après six plongées ici, j’en arrive aux conclusions suivantes, basées uniquement sur mes expériences et sur mes impressions : ça a peut-être été un des plus beaux endroits au monde pour plonger, mais ce ne l’est plus. Clairement, les océans ne vont pas bien. J’ai plongé ailleurs, et j’ai fait de plus belles plongées; mais il y a dix ou quinze ans. Depuis, je n’ai plus vu de vie marine aussi riche. Les océans changent à la vitesse grand V à cause de la pollution et du réchauffement climatique. Je me demande ce qu’on va voir en plongeant dans dix ans. Déprimant.
Mais bon, pour nous réjouir un peu, on a quand même eu droit à une épave et à la visite de dauphins alors qu’on se reposait sur le bateau entre deux plongées.
Zanzibar — Stonetown
Nous finissons notre séjour en Tanzanie à Stonetown. La vieille ville de l’île. Nous nous sommes perdus plus d’une fois dans ses minuscules rues labyrinthiques, mais on a toujours fini par retrouver la mer, et donc notre chemin. Le marché de Stonetown est magique. On y vend de tous dans un chaos gigantesque.
On quitte la Tanzanie avec la grosse envie de vouloir y revenir un jour. Il ne faudrait pas que ça arrive dans chaque pays… sinon on aura un problème.