Sacoches ou remorque, telle est la question

Après que 2 de mes 4 sacoches se soient décrochées et aient effectué un vol plané sur une route de gravier en Bolivie, je me suis demandé si je n’aurais pas été mieux de partir avec une remorque. Après une longue réflexion, je pèse ici le pour et le contre des deux systèmes.

À lire les articles sur internet qui parlent de ce sujet, on a l’impression que les deux moyens de charger son vélo — sacoches et remorque — sont aussi populaires l’un que l’autre.

Ce n’est pas le cas! Après 4 ans sur la route, je peux probablement compter sur les doigts d’une seule main les cyclovoyageurs que j’ai croisés qui tiraient une remorque. (Contre plusieurs centaines qui transportaient leurs sacs noirs, rouges ou bleus sur les côtés de leurs vélos.)

Chacun des tireurs de remorque avait cependant une raison ou un objet bien précis à transporter pour motiver ce choix : un chien, une guitare ou même une planche de kitesurf. Pour traîner ces objets surdimensionnés, la remorque, c’était le choix à faire évidemment.

Pour les autres voyageurs à deux roues, la question sacoches-ou-remorque se pose. Voici donc les pistes de réflexion que je vous propose pour que vous puissiez faire un choix éclairé.

Le Suisse Nicholas, en compagnie de sa copine Siria, a choisi d’ajouter une remorque à son vélo pour transporter sa planche de kitesurf

La remorque

Aérodynamisme et stabilité : Une fois les premiers coups de pédale donnés, on ne sent plus que l’on tire quelque chose si le poids total tiré est de moins de 35 livres, et si la remorque n’a qu’une seule roue. La remorque à roue unique est plus aérodynamique que la remorque à deux roues puisqu’elle est de la même largeur que le vélo. Bref, la seule raison qui justifierait d’avoir une remorque à deux roues serait d’avoir à voyager avec un chien ou un enfant.

Sur les chemins plus accidentés, même les meilleures sacoches peuvent parfois se détacher. Or, avec une remorque, le risque de faire rouler votre matériel électronique dans la garnotte est presque nul. Sans compter que comme le centre de gravité de la remorque est bas, il aide à la stabilité de la monture dans les déplacements.

Poids : On pourrait croire à tort que la remorque pèse beaucoup plus que les sacoches, mais en réalité, leurs poids se ressemblent beaucoup. Pour les longs voyages, on part souvent avec 4 sacoches, en plus d’un sac étanche sur le porte-bagages. À ça, il faut ajouter le poids des deux porte-bagages qui, lorsqu’ils sont fabriqués en acier, ajoutent réellement un poids à la monture.

Pas besoin de béquille : En plaçant le vélo en angle avec sa remorque, celui-ci tient tout seul debout. Inutile alors d’avoir une béquille sur son vélo.

Mon vélo orné de mes 6 sacs, et soutenu par une béquille sur mesure de marque Click-Stand. La béquille n’est pas nécessaire avec une remorque

Gros objets : Comme indiqué plus haut, la remorque est beaucoup plus pratique pour transporter de gros objets, du matériel lourd ou beaucoup d’équipement. Cependant, cette possibilité peut inciter le cyclotouriste à apporter davantage d’équipement que nécessaire. Et transporter beaucoup de matériel équivaut bien souvent à avoir moins de plaisir sur la route…

Un seul sac à gérer : Le grand sac unique qui s’installe dans la remorque est généralement très imperméable. En étant loin des roues du vélo, il recevra aussi moins d’eau de façon latérale. Comme il est gros, ce sac doit cependant être subdivisé à l’aide d’un système de sacs plus petits (sacs étanches ou en filet) pour faciliter le rangement et s’y retrouver facilement.

Avec n’importe quel vélo : Le plus grand avantage de la remorque est sans contredit de pouvoir l’installer sur n’importe quelle monture : vélo de route à pneus étroits, vélo de montagne à double suspension, vieux vélo sans système d’attache pour des porte-bagages. Il suffit généralement de remplacer le blocage rapide arrière (quick release) par celui de la remorque et le tour est joué. Elle est aussi extrêmement facile à détacher du vélo. À noter qu’il faut choisir une remorque spéciale pour les nouveaux modèles de vélo qui possèdent une attache de type thru-axle, plus large que le blocage rapide conventionnel.

Transport : La remorque est certainement plus compliquée à transporter dans les avions, les trains et les autobus. La tige d’attache de la remorque se défait et peut s’insérer à l’intérieur de celle-ci. Deux remorques peuvent s’insérer l’une dans l’autre, être attachées ensemble puis mises dans un sac de plastique pour un voyage en avion. Ce bagage supplémentaire occasionne donc des frais supplémentaires.

Le transport de la remorque est plus facile dans les trains et les autobus, mais il peut occasionner soit des coûts supplémentaires ou même la possibilité de se faire refuser l’accès à la soute à bagages si elle est déjà pleine.

Plus de pièces : Il faut traîner une chambre à air supplémentaire pour réparer la roue de la remorque. Cela signifie aussi des bris possibles sur plusieurs pièces, dont l’attache, les rayons et le pneu. Ce dernier, généralement de 20 pouces, est également plus difficile à trouver.

Avec un peu d’imagination, il existe d’autres façons de transporter de gros objets… comme une guitare ! Ici, je suis à Kuala Lumpur, en Malaisie

Les sacoches

Plus difficiles à voler : Un gros sac est plus facile à voler que 4 sacoches. De plus, le système pour décrocher ces dernières est généralement moins connu et fait plus peur aux néophytes (c’est-à-dire à presque toute la planète).

Facilité de transport : Il peut être plus facile de monter des marches étroites des hôtels avec des sacoches plutôt qu’avec un immense sac de remorque. Les sacoches sont aussi plus faciles à placer dans le train, l’autobus ou l’avion.

Plus facile à manœuvrer : Comme un vélo avec des sacoches est moins long qu’un vélo avec une remorque, il est donc beaucoup plus facile de se faufiler entre les autos en ville avec des sacoches. Sans compter qu’il est moins risqué de se faire accrocher par un véhicule.

Cependant, il est vraiment important d’équilibrer le poids des sacoches. Autrement, surtout à grande vitesse, le déséquilibre se fera sentir. À noter qu’il est beaucoup plus stable d’ajouter des sacoches à l’avant du vélo plutôt que juste à l’arrière. Dans ce dernier cas, la différence de poids rend l’accotement du vélo plus difficile et on a souvent l’impression que la roue avant décolle du sol ou n’y tient pas bien.

Lorsque l’on voyage avec deux ou quatre sacoches, il est très utile d’installer une bande élastique sur le guidon pour serrer le frein avant lorsque le vélo est arrêté. Celle-ci empêche le lourd vélo de bouger lorsqu’il est stationné quelque part.

Plus polyvalentes : Une fois les porte-bagages et les sacoches achetés, il est possible de modifier le nombre de sacoches à apporter en fonction de la durée du voyage. Une seule sacoche pour aller au travail, deux pour un voyage de fin de semaine, quatre pour plusieurs semaines en camping sauvage, etc.

Imperméabilité : Certaines sacoches ne sont pas tout à fait imperméables. Il faut s’assurer d’en choisir qui sont de bonne qualité pour éviter les mauvaises surprises.

Entretien : Chaque fois que l’on enlève ou remet les sacoches, il faut porter attention à ce qu’elles soient bien attachées au porte-bagages. Sur les pires chemins, il m’est arrivé de devoir attacher les miennes avec de la corde à quelques endroits sur mon porte-bagages. À la longue, surtout si les sacoches sont très chargées, les pièces de plastique qui les maintiennent en place peuvent s’élargir. Il faut donc resserrer périodiquement les vis du porte-bagages et des sacoches pour que tout reste bien en place.

on système de sacoches, photographié pour un journal brésilien

En résumé

Comme j’écrivais en introduction, la très grande majorité des voyageurs sur route décident de choisir les sacoches plutôt que la remorque. À mon avis, rares sont les cas pour lesquels la remorque représente la meilleure des options. Chaque fois qu’il faut prendre l’avion ou le transport en commun pour se rendre quelque part, la remorque est beaucoup plus compliquée à manipuler.

Cependant, si votre vélo n’est pas bien équipé pour y installer un porte-bagages ou si votre voyage nécessite de choisir un vélo de montagne, il se pourrait que la remorque soit le bon choix pour vous.

Bon voyage!

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Auteur du populaire livre « Histoires à dormir dehors » (Vélo Québec Éditions), Jonathan B. Roy est aussi photographe, diplômé en génie et en droit, et musicien. Ce touche-à-tout accomplit depuis mars 2016 lentement le tour du monde à vélo, et collectionne sur sa route les rencontres, les aventures et les histoires les plus invraisemblables. Avec plus de 30 pays traversés, il ne manque certainement pas d’inspiration ni de conseils !

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