Au pays de Yogi

Tous les employés de La Cordée sont passionnés de plein air. Régulièrement, ils sont appelés à vivre des aventures qui sortent de l’ordinaire. Tú, un employé du magasin de la rue Sainte-Catherine, nous partage l’une de ses anecdotes de camping, au parc national de Yosemite, aux États-Unis.

Yosemite, Californie – En avril dernier, on était dans le parc national de Yosemite pour y faire un trek de cinq jours en autonomie totale, sur le haut plateau de la vallée de Yosemite.

Comme il y a beaucoup d’ours dans cette région et qu’ils sortent de leur hibernation pendant cette période de l’année, le parc exige que les randonneurs transportent des barils antiours. Ils leur demandent aussi de ne pas dormir avec quelque chose qui dégage une odeur qui risque d’attirer ces grosses bêtes durant la nuit.

À notre troisième journée de rando, on a croisé un vieil américain qui nous a raconté sa rencontre avec un ours. Tout le campement était au courant qu’il y avait un ours qui rôdait. En entendant des bruits, le vieil homme s’était caché dans sa tente, sous son sac de couchage, et l’ours est passé tellement près de lui qu’il avait même mis le pied sur sa main… Pas besoin de dire que le pauvre monsieur avait eu la frousse de sa vie.

Moi, c’est cette nuit-là que j’ai eu une bonne frousse…

Arrivés sur notre site de camping, on s’est installés, on a ramassé du bois pour le feu et on s’est fait à manger. Avant qu’il soit trop tard, on a ramassé tout ce qui pouvait attirer un ours et on a mis ça dans des boîtes à l’épreuve des ours. Le reste (pâte dentifrice, déodorant, etc.), on l’a suspendu à une branche d’arbre, dans un sac étanche.

La soirée était belle, mais il se faisait tard, alors on a décidé d’aller se coucher. En rentrant dans mon sac de couchage, je me suis rendu compte que j’avais oublié de sortir mon baume à lèvre de mes poches de pantalon. Bon, tant pis! Je l’ai mis dans un sac Ziploc et l’ai laissé dans ma tente. Je me suis dit que l’ours ne le sentirait quand même pas à travers le sac! Puis, je me suis endormi rapidement parce que la journée avait été physiquement exigeante.

Durant la nuit, des bruits de pas m’ont réveillé. Des bruits de pas très lents. J’ai sursauté et j’ai tout de suite pensé à mon baume à lèvre. Oh non! J’ai essayé de trouver une solution pour le camoufler dans ma tente. Un sac isolant à gourde? C’est bon! J’ai mis le sac Ziploc, dans lequel se trouvait mon baume à lèvre, dans le sac isolant et je l’ai jeté à l’extérieur de ma tente, dans mon vestibule. J’avais beaucoup trop peur d’ouvrir le vestibule et de me retrouver face à face avec Yogi! Puis, le bruit s’est calmé. J’ai laissé l’adrénaline redescendre et lentement, j’ai réussi à me rendormir.

Un peu plus tard dans la nuit, j’ai encore entendu des pas, mais cette fois, ils étaient accompagnés d’un bruit de respiration. J’ai eu peur, mais en même temps, j’étais curieux de voir la bête. J’ai hésité entre me blottir dans mon sac de couchage et ne pas bouger ou prendre ma caméra et le prendre en photo par un trou dans la fermeture éclair de ma tente.

Je me suis finalement résigné à me cacher dans mon sac de couchage. Je m’inquiétais aussi pour mon amie qui était elle aussi seule dans sa tente, un plus loin. Après un certain temps (une éternité, devrais-je dire!), les pas ont cessé et j’ai fini par me rendormir.

Le matin est finalement arrivé. J’ai entendu des bruits dans la tente voisine. (La tente du couple avec qui on faisait la randonnée.) Ils parlaient. C’est à ce moment que j’ai entendu les mêmes bruits de pas que j’avais entendus durant la nuit. À cet instant, j’ai réalisé que le bruit de la nuit, c’était en fait une de mes acolytes de rando qui bougeait sur son matelas de sol juste à côté de ma tente. Je suis sorti de ma maison de toile et je lui ai demandé si c’était elle qui bougeait sans cesse durant la nuit. Elle m’a répondu qu’elle avait eu, en effet, de la difficulté à dormir à cause de ses allergies. Sans compter que ses allergies lui donnaient du mal à respirer et la faisaient respirer très fort…