Le poids santé ou la santé à tous les poids?

 Par Joanie Bouchard, nutritionniste

 Après avoir un peu trop mangé pendant le temps des fêtes, nombreux sont ceux qui ressentent une envie soudaine de se tourner vers un petit régime, question de faire fondre les quelques livres indésirables apparues comme par magie sur leur balance. Or, avant de vous lancer dans une diète quelconque, notre nutritionniste Joanie Bouchard vous propose de parler de santé globale plutôt que de poids. Et si cette réflexion vous aidait à changer votre paradigme sur l’importance de la minceur et du chiffre qui apparaît sur votre balance?

Une perte de poids est-elle toujours nécessaire et sans risque? L’image corporelle est-elle réellement garante de bonheur ou de succès? Souvent, en adoptant de saines habitudes de vie, les gens y trouvent un bien-être physique et mental qui dépasse largement les quelques livres qui sont incommodantes, et ce, sans devoir passer par des privations et des sacrifices draconiens.

Saviez-vous que…

  • 73 % des Québécoises souhaitent perdre du poids, peu importe leur silhouette;
  • 50 % de celles qui ont un poids normal souhaitent également perdre du poids;
  • 37 % d’entre elles présentent des signes d’anxiété lorsqu’elles pensent à leur poids;
  • 22 % affirment que la gestion de leur poids domine leur vie. [i]

Chez les hommes, de plus en plus sensibles aux images véhiculées par la publicité, on évalue que :

  • 7 % des hommes de poids normal se trouvent trop maigres;
  • 14 % des hommes âgés de 15 à 24 ans ont tenté de gagner du poids.

Régimes

Vous lancer dans une méthode de perte de poids sans être judicieusement accompagné peut être risqué. Parmi les effets indésirables qui peuvent survenir, on rapporte :

  • Des risques physiques (maux de tête, fatigue, faiblesse, déshydratation, troubles digestifs et même, dans certains cas extrêmes, la mort).
  • Des effets psychologiques (anxiété, isolement, culpabilisation, etc.).
  • Un coût souvent élevé.
  • Une perte de poids à court terme.
  • Une reprise du poids perdu (et parfois même davantage) dans 95 % des cas.

De plus, si votre poids n’est pas un problème à la base, est-ce vraiment nécessaire d’investir autant de temps, d’argent, en plus de peut-être nuire à votre santé?

Les saines habitudes de vie… ça veut dire quoi?

Opter pour de saines habitudes de vie veut simplement dire qu’il faut adopter une alimentation variée et de qualité, s’abstenir de fumer, dormir convenablement, boire de manière modérée et bouger suffisamment. De manière précise, les proportions suggérées sont les suivantes :

Alimentation
Mangez des aliments variés et de qualité, selon les Guide alimentaire canadien.
Tabac
Évitez de fumer.
Sommeil
Dormez suffisamment.

  • Pour les enfants de 5 à 13 ans : Entre 9 h et 11 h.
  • Pour les adolescents de 14 à 17 ans : Entre 8 h et 10 h.
  • Pour les adultes : Entre 7 h et 9 h.
Alcool
Consommez de l’alcool de manière modérée. Les quantités de consommations recommandées varient principalement en fonction du sexe.
  • Pour les femmes : Deux verres par jour, et un maximum de 10 verres par semaine.
  • Pour les hommes : Trois verres par jour, et un maximum de 15 verres par semaine.

Afin d’éviter l’intoxication et les complications, les femmes ne devraient pas prendre plus de trois verres dans une même occasion. Les hommes qui veulent éviter l’intoxication et les complications ne devraient pas prendre plus de quatre consommations lors d’une même occasion.

Afin d’éviter qu’une accoutumance ou une dépendance ne s’installe, il est recommandé de ne pas consommer d’alcool au moins une ou deux journées par semaine.

Il n’est également pas recommandé de consommer de l’alcool dans certaines circonstances (grossesse, prise de certains médicaments, certaines conditions de santé, conduite automobile, etc.)

Activité physique
  • Pour les enfants de 5 à 17 ans : Au moins soixante minutes d’activité d’intensité modérée tous les jours.
  • Pour les adultes : Au moins 150 minutes (deux heures et demie) d’activité d’intensité modérée par semaine.

Outil pratique

Vous vous questionnez sur l’efficacité d’une nouvelle méthode « miracle » de perte de poids? Avant toute chose, évaluez la qualité de cette méthode grâce au petit questionnaire élaboré par ÉquiLibre au www.equilibre.ca/approche-et-problematique/le-point-sur-les-dietes/evaluer-une-methode-de-perte-de-poids/.

La santé : plus qu’une affaire de poids

Vous connaissez sans doute des gens qui mangent un peu n’importe quoi, qui bougent peu et qui restent minces, alors que d’autres mangent sainement, bougent tous les jours et présentent une variété d’images corporelles. Voilà la preuve qu’un gabarit unique n’existe pas et surtout, qu’on ne peut pas évaluer la santé d’une personne uniquement à partir de son poids ou de son IMC.

Le bagage génétique, la prise de médicaments, le tabagisme et une foule d’autres facteurs influencent le poids d’une personne. Bref, chaque individu a un poids « équilibre » qui lui est propre.

Lorsqu’on évalue la santé d’une personne, on doit tenir compte de sa composition corporelle et non seulement de son poids. On doit regarder son tour de taille, la répartition de sa graisse corporelle (intra- ou extraviscérale), sa tension artérielle, ses lipides sanguins, ses capacités fonctionnelles, etc. L’analyse du poids, et donc la nécessité d’en perdre ou d’en gagner, est basée sur une approche globale qui vise une amélioration de la santé et le bien-être général d’un individu.

Le poids comme outil de performance dans le sport

Dans le cadre de la pratique sportive de haut niveau, il peut être intéressant de jouer avec la composition corporelle d’un athlète. Par contre, les recommandations qui concernent le poids doivent toujours tenir compte du caractère unique de chacun des athlètes.

Dans le sport, on peut vouloir modifier son poids pour:

  • Accroître sa masse musculaire et gagner en puissance et en force (ex. football).
  • Participer à un sport de combat où le poids sert à catégoriser les athlètes (ex. boxe).
  • Améliorer son ratio poids/surface afin d’augmenter sa tolérance à la chaleur (ex. cycliste, coureur, triathlonien, ski de fond).
  • Accroître sa vitesse ou pour obtenir un avantage biomécanique dans des mouvements spécifiques (ex. course, plongeon, gymnastique, danse).
  • L’esthétisme (ex. nage synchronisée, gymnastique).

Il est important de noter qu’un contrôle alimentaire extrême, qui passe par une privation excessive, peut nuire à la performance, et pire, à la santé, car il peut créer des carences en divers nutriments (fer, protéines, glucides, etc.). Il est donc important que la perte de poids chez les athlètes soit encadrée et suivie par des professionnels de la santé. Voici quelques éléments clés pour arriver à une perte de poids de manière saine :

  • Dans la mesure du possible, il faut que la perte soit progressive et qu’elle s’échelonne sur une longue période. (À l’exception des pertes de poids drastiques imposées dans les sports de combat avec catégories de poids).
  • La perte de poids devrait être faite pendant la période de repos de l’athlète. (Donc, à éviter durant les périodes d’entraînement clés et les compétitions.)
  • Le processus de perte de poids devrait être encadré par un ensemble de professionnels de la santé afin d’éviter que seule l’alimentation serve de moyen pour atteindre l’objectif (nutritionniste, entraîneur ou préparateur physique, psychologue, médecin, etc.).
  • Le résultat visé doit être réaliste. (Certaines personnes ne pourront physiologiquement jamais atteindre un faible poids.)
  • La perte de poids doit être soumise à un suivi régulier et individualisé et elle doit tenir compte des besoins nutritionnels spécifiques des sports pratiqués et des individus.

 

[i] IPSOS REID (2008). Canadian Women’s Attitudes Towards Weight, Sondage pour le compte des Producteurs laitiers du Canada.

CAMIRAND, H. et autres (2010). L’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2008 : pour en savoir plus sur la santé des Québécois, Québec, Institut de la statistique du Québec, 205 p.

Références :

 

 

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Joanie Bouchard

Joanie Bouchard est diététiste/nutritionniste, détentrice d'un baccalauréat et d'une maîtrise en nutrition de l'Université de Montréal. Elle a travaillé dans différents milieux, notamment en réadaptation fonctionnelle intensive et en pratique privée avec des hockeyeurs, des cyclistes, des coureurs et des triathlètes. Elle participe régulièrement à différents colloques et rédige des blogues et articles pour partager son amour de la science et de la nutrition afin d'optimiser la santé, la performance et le plaisir! Puis, quand elle n’est pas sur son vélo, sur la piste de course ou à la montagne, Joanie est probablement devant un écran, en train de cultiver sa grande passion pour Star Wars.