Peut-on éviter ou soigner le rhume par l’alimentation?

L’hiver et le froid sont déjà bien installés. Tout comme les virus et les bactéries. Quand on écoute son voisin ou sa télé, ou qu’on cherche sur Google, on est porté à croire qu’il est facile de ne pas tomber malade. Qu’il est simple de se guérir si l’on suit les trucs et les recommandations de tout un chacun. De nombreux trucs touchent la nutrition : suppléments de vitamines ou de minéraux, bouillon magique, mélange d’épices, probiotiques, etc. Mais quelle est l’efficacité réelle de ces trucs de grand-mère?

Qu’est-ce que l’immunité ou le système immunitaire?

C’est la capacité d’un organisme de se défendre, en particulier quand il subit une agression par un agent infectieux. C’est un système complexe constitué d’un réseau de cellules, de tissus, d’organes et de protéines.

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La vitamine C

La science est aujourd’hui claire à ce sujet : la prise de vitamine C ne diminue pas l’incidence du rhume. La prise continue d’un supplément de vitamine C à plus forte dose (supérieure aux recommandations canadiennes) pourrait diminuer la durée totale du rhume. On parle ici d’une moyenne de 11 jours par année plutôt que de 12 jours. Pour monsieur-madame tout le monde, la différence dans la vie de tous les jours n’est donc pas énorme. Sans compter que la prise continue de suppléments de vitamine C a non seulement un impact financier non négligeable, mais elle pourrait avoir des effets secondaires négatifs sur la santé (interactions avec d’autres médicaments par exemple).

Ail

Bien que ce remède soit populaire depuis longtemps, il y a, en fait, peu d’études qui ont vérifié l’impact réel de l’ail pour prévenir et pour traiter le rhume. De plus, la qualité de ces études laisse souvent à désirer. Des effets secondaires ont également été rapportés incluant des éruptions cutanées et une odeur persistante.

À ce jour, une seule étude a pu démontrer une diminution de l’incidence du rhume grâce à la consommation d’ail. Or, comme les résultats de cette étude n’ont pu être reproduits, il n’y a donc pas de raison d’étouffer ou de faire suffoquer votre entourage avec votre forte haleine d’ail. 😉

Zinc

La déficience en zinc est associée à une altération du système immunitaire. Ce mauvais fonctionnement est surtout présent dans les pays sous-développés dans lesquels l’accès à une alimentation variée et équilibrée est limité. Au Canada, les groupes les plus à risques de subir ce genre de carence sont les enfants, les femmes enceintes et celles qui allaitent, les personnes âgées ainsi que les végétariens ou végétaliens dont l’alimentation est peu variée.

À ce jour, les études qui ont testé l’efficacité des suppléments de zinc sur le système immunitaire démontrent des résultats inconstants. Il est donc conseillé de suivre les recommandations canadiennes pour éviter les carences. Les fruits de mer, la viande, le germe de blé et les légumineuses sont toutes de bonnes sources de zinc. Si vous pensez que votre apport en zinc est insuffisant, discutez-en avec un diététiste/nutritionniste ou avec votre médecin.

Attention, la prise importante de suppléments de zinc peut créer des carences en cuivre. Consultez un professionnel de la santé avant de commencer la prise de suppléments afin d’éviter des interactions indésirables entre les minéraux.

Probiotiques

Les probiotiques sont très tendance depuis quelques années. Selon l’Organisation mondiale de la Santé « un probiotique est un micro-organisme vivant qui, lorsqu’ingéré en quantité suffisante, produit des effets bénéfiques sur la santé de celui qui le consomme ».

La science n’est pas encore unanime quant aux répercussions des probiotiques sur la prévention et l’incidence du rhume, mais certaines études démontrent des bénéfices potentiels.

Comme les effets secondaires des probiotiques sont généralement minimes, il est sain d’en intégrer via l’alimentation (ex : lait et yogourt fermentés, kombucha, kimchi, miso, tempeh, choucroute). En ce qui concerne les suppléments, comme ils sont généralement coûteux, il peut être sage d’attendre des études plus solides avant d’en consommer.

Bouillon de poulet

Bien que la densité nutritionnelle du bouillon de poulet soit faible, ce dernier contient du collagène, des acides aminés et plusieurs minéraux qui lui valent sa popularité. Cependant, beaucoup d’autres aliments contiennent les mêmes nutriments et bien davantage…

On attribue plusieurs mérites au collagène, mais en consommer dans un aliment ou un supplément ne signifie pas qu’on en aura davantage de disponible dans le corps pour vaincre son rhume! Ainsi, rien n’indique que le bouillon de poulet aide à combattre les infections, si ce n’est qu’il est réconfortant.

Une vieille étude de 1978 a suggéré que la consommation de liquide chaud, contrairement au liquide froid, pouvait aider à liquéfier le mucus et donc contribuer au soulagement de la congestion. Ceci dit, il s’agit davantage de préférences personnelles que d’un réel traitement.

En conclusion

D’autres facteurs influencent aussi grandement votre capacité à vous défendre : le sommeil, l’exercice physique, le stress, etc.

On entend souvent la fameuse expression « que ton aliment soit ton médicament ». Bien que l’alimentation, dans son ensemble, ait un impact réel et significatif sur la santé, aucun aliment ni nutriment seul ne fera des miracles. Tout aliment, supplément ou traitement qui vous est présenté comme une panacée devrait vous rendre sceptique. Posez des questions sur l’efficacité prouvée de ces traitements, sur les bénéfices et les risques pour vous (santé physique et mentale) ainsi que sur les coûts liés à la prise de ces traitements.

Opter pour un mode de vie sain est votre meilleure solution pour rester en santé ou du moins pour récupérer plus rapidement à la suite d’une infection. Évitez les excès, bougez, mangez bien, buvez beaucoup d’eau et lavez-vous les mains. Peut-être n’échapperez-vous pas au rhume cette année, mais votre système immunitaire sera mieux équipé pour se (vous) défendre.

Références :

 

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Joanie Bouchard

Joanie Bouchard est diététiste/nutritionniste, détentrice d'un baccalauréat et d'une maîtrise en nutrition de l'Université de Montréal. Elle a travaillé dans différents milieux, notamment en réadaptation fonctionnelle intensive et en pratique privée avec des hockeyeurs, des cyclistes, des coureurs et des triathlètes. Elle participe régulièrement à différents colloques et rédige des blogues et articles pour partager son amour de la science et de la nutrition afin d'optimiser la santé, la performance et le plaisir! Puis, quand elle n’est pas sur son vélo, sur la piste de course ou à la montagne, Joanie est probablement devant un écran, en train de cultiver sa grande passion pour Star Wars.