À vélo à travers les plaines et les hauteurs désertiques de l’Arizona

‪Récit d’un camp de vélo d’une semaine à Tucson en Arizona en mars, incluant l’ascension du mythique mont Lemmon.

Par Maxime Durand

Une destination très populaire auprès des golfeurs et des nostalgiques de vieux films country, l’Arizona est aussi une destination hors pair pour le cyclisme. J’avais eu la chance d’y voyager auparavant lors d’une bourlingue en vélo de montagne (voir article). Si ce précédent voyage offrait souvent peu de repos dû aux déplacements quotidiens, ce voyage-ci serait plutôt un camp d’entraînement avec une base fixe.

Par un vol direct de Montréal à Phoenix, nous avons ensuite pu diviser notre groupe de six en deux véhicules. Afin d’accommoder les six vélos et leurs sacs de transport (Biknd), une vanne et un pick-up convenaient amplement. L’autoroute rectiligne nous mènera alors franc sud au travers de plaines et vallons désertiques à perte de vue. Les voitures sportives américaines semblent ici être très populaires. Enfin, après une heure et demie de route, des montagnes désolantes émergent en altitude, presque sorties de nulle part. C’est là, à quelques kilomètres de la frontière mexicaine que se situe Tucson, où un condo loué deviendra notre base pour la semaine. Afin d’être le plus à proximité des sentiers de vélo, nous louons dans le quartier de Limberlost, à la limite nord de la ville. Nous sommes voisins de la piste multifonctionnelle Tanque Verde, qui permet de contourner ou de sortir de la ville sans passer par les rues.

Après avoir rempli frigidaire et armoires pour la semaine, nous remontons les vélos, surexcités par les sept jours qui vont suivre. Une quantité écrasante de cyclistes choisit cette destination à la fin de l’hiver ou au printemps pour l’entraînement d’avant saison. De nombreux professionnels du cyclisme ou du triathlon peuvent même être croisés sur les routes entourant Tucson. L’avantage massif d’y rouler, outre les vues sans limites, est un mélange multifactoriel de climat sec, de pavé de qualité et de routes larges. Enfin, l’omniprésence du soleil procurera une excellente dose de vitamine D lorsque nous semblons en avoir le plus besoin.

Le premier jour de la semaine, un dimanche, nous nous élançons à l’abordage de Saguaro National Park dans la section Rincon. Cette réserve naturelle fédérale, moyennant un léger frais d’entrée, permet de voir un terrain onduleux et de rouler en toute tranquillité. Ici c’est le royaume des succulents et des cactus géants. Attention à ne pas rouler en sens inverse cependant, même si vous vous inquiétez pour des cyclistes de votre groupe, car c’est un long sens unique que les rangers protègent avec grand zèle. Nous tâchons de calmer nos ardeurs en ce premier jour afin d’aller jusqu’au bout de la semaine.

Dès le lendemain, nous enclenchons une plus grande distance déjà en contournant le parc Tucson Mountain et le district Tucson du Saguaro National Park. La route y est encore magnifique, et l’on est déjà un peu plus mis en contexte visuel et physique avec les ascensions qui viendront dans les prochains jours. À noter, il vaut mieux être assez autonome en eau et en nourriture, car le parc qu’on traverse longuement n’offre aucun ravitaillement, vu la sécheresse des lieux. Aucune eau n’y est en vente. Ceci dit, le paysage vaut très assurément ce petit inconfort et dès qu’on atteint la civilisation de nouveau, on peut bien entendu remplir ses bouteilles et même ajouter une petite crème glacée à l’expérience.

Au troisième jour, nous décidons de garder un kilométrage raisonnable avec quelques ascensions et une vitesse un peu plus rapide alors que nous roulons le trajet de Pistol Hill. Les montées ont un dénivelé à faible angle et permet de nous économiser pour notre objectif du mercredi, le mont Lemmon. Pour terminer cette journée plus courte et pour dégourdir nos jambes, nous négocions l’accès illimité pour la semaine aux piscines extérieures du Tucson Racquet & Fitness Club. Je vous le recommande chaudement, ne serait-ce que pour aller dans les spas avant un bon massage de jambes.

Notre étape reine du camp de vélo : l’ascension du mont Lemmon, le sommet solitaire enneigé qui s’étire depuis le désert avec un dénivelé de près de 2000 m. Face à cette longue journée, nous quittons le condo dès que le soleil du matin sera assez chaud, vers 10 h. Après notre premier 20 km de faux plat ascendant (et où je croise des amis cyclistes de Montréal, le monde est petit), le vrai travail débute! L’impeccable route monte sans cesse avec un angle continu. Il faut donc savoir doser ses efforts pour tenir bon jusqu’au bout. Il faut doser sa consommation d’eau et son alimentation aussi pour les quarante prochains kilomètres qui nous font passer du désert de cactus jusqu’aux forêts de pins enneigées dominant les hauteurs. Enfin, arrivé au sommet, on clôt la fermeture éclair de notre chandail pour garder notre chaleur. On peut profiter d’un service de restauration complet et du très important café, attablé à une terrasse ensoleillée. Déjà, c’est le temps de repartir avant de prendre froid. On sort donc de ses poches manchettes, jambières et bandeau qui serviront aux 2000 m de descente en continu. Inutile de vous dire que cette descente est exhilarante, mais ne présente aucune difficulté technique dans les virages. On peut la dévaler ou prendre son temps en profitant d’un accotement généreux. Le soir même, le repos vient étrangement avec facilité à qui le cherche…

Jeudi matin, une fois les jambes dépliées du lit, nous repartons sur une longue sortie connue par le nom de South Loop. Les samedis matin d’hiver et du printemps s’y trouve une course non officielle (le Shoot Out) à laquelle les cyclistes peuvent prendre part dans différentes catégories. Attention cependant aux professionnels qui viennent y tester leurs formes! Malgré un dénivelé continu, nous tentons de rester raisonnables sur nos efforts (les fameuses cartouches, en jargon cycliste), car le vendredi se trouve notre deuxième grosse journée d’effort de la semaine ; l’ascension du mont Kitt, au sud-ouest de Tucson. Pour celle-ci, nous décidons de partir en bordure de la ville, et les 60 premiers kilomètres sont encore un faux plat montant auquel, cette fois-ci le vent se joint légèrement pour compliquer notre tâche. Ensuite, sur les 17 kilomètres suivants se trouvent mille mètres d’ascension, avec une pente oscillant de 4 à 8 % en moyenne. La vue est simplement magnifique, alors que je réalise que mes bouteilles sont à sec. Je sais que la station astronomique du sommet me permettra de les remplir, mais l’air chaud irrite ma gorge. Enfin, je croise Tom Danielson, nouvellement retraité du peloton professionnel, en compagnie de son groupe de camp cycliste (Cinch). Il m’en aura fallu très peu pour être convaincu que leur véhicule de soutien ravitaille mes bidons afin de terminer l’ascension. Que de bonheur!

Déjà, la semaine se termine le samedi avec une dernière balade de récupération sur Pistol Hill et une belle course à pied le long de la piste multifonction du canal Tanque Verde (attention à la chaleur de midi, toutefois!). De retour à la maison, quelques semaines de base d’entraînement et de fat bike puis la saison pourra commencer!

Pour retrouver les sorties sur Strava (vous devez être connecté) :

 

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Ancien employé de La Cordée, Maxime a appris à faire du ski de fond avant de se mettre à marcher (du moins, c’est ce que sa mère prétend). Tout jeune, c’est l’escalade qui lui a ouvert les portes du plein air. De tempérament curieux, il a pratiquement essayé tous les sports de plein air. Bien qu’il se définisse comme un sportif hyper actif, il finit souvent par se retrouver derrière une pile de livres pour gagner sa vie d’historien. Et quand il n’a pas le nez dans un bouquin ou qu’il n’est pas en train de jouer dehors ou de jardiner, fourche à la main, Maxime sème la terreur dans les soirées de jeux de table avec ses amis.

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