Ça? Ou ça?

Discussion sur le choix d’équipement en bikepacking

Les adeptes de bikepacking sont de plus en plus nombreuses et nombreux, tout comme les produits associés à cette activité, à mi-chemin entre le vélo de montagne et le camping minimaliste. Comment départager les essentiels pratiques des tendances audacieuses dans l’univers du vélo afin de s’adonner allègrement à ce cyclotourisme 2.0, ultralight et intrépide?

Flavie et Jeanne, deux collègues, amies et conseillères vélo à La Cordée Boutique, sont passées par une série de questionnements et de débats quant à leur choix d’équipement pour leur prochaine aventure de bikepacking à Terre-Neuve. Ayant opté pour des accessoires parfois différents, les deux vous présentent une partie des nombreuses réflexions qu’elles ont eues entre les rayons des accessoires vélo. Vous verrez qu’il existe plusieurs configurations qui s’offrent aux bikepackeuses et bikepackeurs.

Quel vélo?

Flavie : Comme bikepacking.com (une référence dans le domaine!) l’écrit si bien, j’ai choisi le meilleur vélo pour le bikepacking, soit celui que je possède déjà : un Karate Monkey de Surley. Mais je l’ai légèrement modifié. J’ai d’abord remis la fourche d’origine, une fourche rigide où je peux fixer des supports de type Anything Cage pour transporter du matériel de chaque côté de ma fourche. Le montage de mon vélo est similaire à celui d’un vélo de cyclotourisme : un cadre en acier, des freins à disque mécaniques et un groupo 3 x 10 vitesses avec une granny gear (une toute petite vitesse sur la cassette, qui facilite l’ascension).

Jeanne : Comme Flavie et moi rêvions de grandes aventures hors des sentiers, je mijotais depuis un certain temps de me procurer un vélo d’aventure ou un gravel bike. Les projets à venir m’ont fait réfléchir à plusieurs options. J’ai longuement hésité entre le Bridge Club de Surly, le Fargo de Salsa et le Sutra LTD de Kona. J’ai finalement opté pour ce dernier qui, contrairement à celui de Flavie, s’apparente moins à un vélo de montagne et plus à un gravel bike. Il m’a séduit par sa polyvalence. Il faut dire que j’avais aussi envie de découvrir les freins à disque hydrauliques et le montage « 1x », c’est-à-dire où il n’y a qu’un seul plateau à l’avant.

J’ai donc opté pour un vélo qui a une géométrie de cyclotourisme, mais où il est possible de mettre des pneus de gravel bike plus larges (jusqu’à 2,2 pouces). Ce montage me permettra de rouler sur toutes sortes de sentiers rocailleux.

Guidon plat ou courbé?

F : J’ai décidé de changer mon guidon de montagne droit, de style flat bar, pour un H-bar de Jones, offrant plus de possibilités de positions pour les mains, donc idéal pour les longues distances. Le H-Bar, tout comme le Moloko de Surly, est un guidon qui permet un contrôle idéal du vélo avec une position ouverte des bras. Ses branches additionnelles permettent un changement de position lorsque les mains ont besoin de repos.

J : Le guidon du vélo est un guidon courbé de style route, parfait pour les longues distances puisqu’il offre plusieurs positions pour les mains. Contrairement à un guidon de vélo de montagne, il est toutefois moins axé sur le contrôle dans les sentiers plus techniques. Il me serait donc possible éventuellement de changer mon guidon courbé standard pour un guidon courbé plus évasé vers le bas, qui permet une meilleure maniabilité lors de descentes en terrains cahoteux.

Clippées ou non?

F : Pour ma part, j’ai opté pour les pédales plateformes. J’ai l’habitude, en vélo de montagne, de ne pas être clippée. Il me semblait donc logique de conserver mes pédales plateformes pour un voyage où le terrain est plutôt raboteux. Mes pédales Wah-Wah de Kona offrent une plateforme très large avec des crampons qui maintiennent mon pied en place et stabilisent ma position sur le vélo. Avec une paire de souliers appropriés, en plus des crampons et de la surface large de la pédale, j’ai un appui qui me donne confiance sur de longues distances.

Pour les souliers, j’ai choisi d’opter pour une paire de souliers d’approche. Comme un soulier traditionnel flat, les souliers d’approche ont une semelle rigide et s’agrippent bien aux pédales plateformes. En plus, ils sont confortables et permettent de marcher beaucoup mieux qu’en souliers à clips! Surtout pour les inévitables sections de hike-a-bike et pour les portions de randonnée pédestre pendant le voyage.

J : En cyclotourisme et pour toutes les longues distances à vélo, j’ai l’habitude de rouler clippée. Si l’argument de la performance revient souvent lorsqu’il est question de pédales à clips (car on met à profit l’action de tirer et de pousser à chaque coup de pédale), c’est plutôt l’idée d’avoir un mouvement fluide, constant, et de conserver le même positionnement du pied sur ma pédale qui justifie mon choix. Étant novice dans la pratique du vélo de montagne, j’ai remis en question mon choix de pédales pour notre aventure sachant qu’il y aurait des sections plus techniques où l’idée de pouvoir mettre mon pied à terre rapidement pourrait être rassurante. Après avoir discuté avec Flavie, qui a l’habitude des pédales plates en vélo de montagne, j’ai convenu que ce qui importait, c’était mon confort. Je serai probablement davantage à l’aise clippée pour parcourir de longues distances, tandis que Flavie aimera ses pédales plates qu’elle utilise régulièrement lors de sections techniques. Puisque la performance n’est pas notre objectif, nous utiliserons chacune nos avantages pour nous aiguiller et nous encourager mutuellement à travers la variété de terrains que nous traverserons.

Côté souliers, évidemment qu’avec les pédales à clips, il me faut opter pour un modèle qui permet l’insertion de cales. J’ai des souliers à clips de type montagne, où la semelle, contrairement aux souliers de vélo de route, comporte des crampons qui facilitent la marche.

Finalement, mon choix de pédales s’est arrêté sur des pédales à double-face, qui comportent un côté plat et un côté à clips. Bien que les pédales où l’on peut se clipper des deux côtés soient pratiques pour les moments plus difficiles où l’on veut se clipper rapidement, la possibilité d’avoir un côté plat en cyclotourisme me permet de rouler avec mes sandales sportives ou d’avoir une autre option si jamais un problème survenait avec mes souliers à clips.

Le triangle (ou comment jouer au tangram avec son vélo)

J : L’espace formé par le tube supérieur, le tube de selle et le tube oblique du cadre du vélo compose le triangle du cadre. Cette partie est convoitée par les bikepackeuses et bikepackeurs pour son potentiel de stockage. L’optimisation de cet espace est un casse-tête amusant ou ardu selon l’espace disponible dans le triangle et les options offertes sur le marché : sac de cadre complet, sac de cadre partiel, porte-bouteilles, porte-bouteilles surdimensionnés et accessoires attachés avec des courroies un peu partout sur le cadre.

Au départ, j’étais emballée par le sac de cadre complet, qui maximise l’espace et qui permet de mettre toutes sortes d’accessoires dans le cadre sans laisser d’espace vacant. Après avoir réalisé qu’un sac de cadre complet ne faisait pas dans mon petit cadre de vélo (46 cm), je me suis retournée vers un sac de cadre partiel. Puis, en décalant les œillets du porte-bouteille du bas vers le haut, à l’aide d’un ingénieux accessoire, j’ai pu insérer une bouteille d’eau sous mon sac de cadre en utilisant un porte-bouteille à sortie latérale. (J’ai testé cet agencement lors de quelques sorties à vélo et j’en suis bien heureuse.)

F : Puisque mon cadre est plutôt petit, j’ai décidé de délaisser le sac de cadre. J’ai plutôt choisi de maximiser la quantité d’eau que j’apporte en installant une bouteille Nalgene de 1,5 L et une autre bouteille d’eau. J’attache également une petite trousse d’outils aux oeillets sous le bas du cadre, proche du pédalier. Ainsi, l’ensemble de mon eau est dans le cadre et le reste de mon matériel est réparti entre les sacs de fourche avant, le sac de guidon et le sac de selle arrière.

Le confort avant tout

En fin de compte, nous avons jeté notre dévolu sur des pièces d’équipement avec lesquelles nous sommes à l’aise ou que nous sommes curieuses de tester. Devant l’incertitude, nous avons toujours opté pour le confort et le plaisir. Si nos choix d’équipement diffèrent, c’est qu’ils illustrent nos préférences personnelles. Un petit rappel aussi qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans une panoplie d’accessoires spécialisés, car souvent ce que nous avons déjà sous la main répond amplement aux besoins de l’aventure, avec quelques straps bien placées ici et là! (Les sacs au sec sont d’ailleurs plutôt pratiques et souvent moins dispendieux que les sacs spécialisés.)

Certains choix nous sont toutefois apparus évidents pour les deux : rouler tubeless, c’est-à-dire rouler avec des pneus qui sont montés sans chambre à air pour diminuer le risque de crevaisons, entre autres. Ce blogue explique bien ce dont il s’agit et comment les installer.

Bref, nous avons bien hâte de mettre à l’épreuve notre arsenal de cyclistes sur les sentiers rocailleux et sablonneux de Terre-Neuve! Reste à voir si l’une ou l’autre d’entre nous se laissera convaincre d’adopter une pièce d’équipement favorite de l’autre à la suite du voyage… à suivre!

**Tous les dessins dans ce blogue ont été illustrés par Jeanne.

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Flavie et Jeanne

La première est une passionnée de vélo de montagne. Les contraintes des routes boueuses et rocailleuses, elle connait! Elle se prénomme Flavie et travaille à La Cordée Boutique. Son acolyte et compagne de travail, Jeanne, a de nombreux kilomètres de cyclotourisme dans les mollets. Ensemble, elles ont eu envie de partir au Kirghizstan en vélo d’aventure. Mais avant de se lancer dans un tel périple, elles se sont donné une épreuve-test : aller rouler deux semaines en bikepacking sur l’île de Terre-Neuve. Au programme, de la route et de la montagne… sur une même monture. Un périple hors de l’ordinaire, qui saura en inspirer plus d’un!

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