Depuis 2016, Jonathan B. Roy roule à la découverte du bon monde, comme il le dit lui-même. Partout où il va, un coup de pédale à la fois, Jonathan fait la connaissance des gens qui vivent dans ces pays parfois reculés, tout en s’abreuvant de paysages grandioses. Après plusieurs milliers de kilomètres, des dizaines de pays parcourus et un livre publié, cet aventurier sur deux roues, qui se trouve présentement en Chine, ne sait pas exactement quand il retournera chez lui.
On ne planifie évidemment pas de faire le tour du monde à vélo sans se préparer adéquatement. C’est pourquoi, dans ce premier billet de blogue, Jonathan nous présente des trucs qu’il a développés pour planifier un itinéraire à vélo.
Par Jonathan B. Roy
Je me suis préparé une année complète avant d’entreprendre mon tour du monde à vélo, ce qui ne m’a quand même pas empêché de faire face à beaucoup d’imprévus sur la route. Et d’apprendre encore plus !
J’ai commencé cette longue préparation en me demandant quels lieux je souhaitais visiter. Je voulais en premier lieu partir de l’Europe de l’Ouest, puis passer par l’Asie centrale. La question suivante apparaissait ensuite assez évidente. Je n’avais jamais fait de voyage à vélo avant. Combien de temps prendrais-je pour me rendre d’un endroit à l’autre ? En lisant divers blogues cyclistes, j’ai calculé qu’il était réaliste de planifier pouvoir rouler 1400 km par mois. Je confirmerai par la suite cette approximation.
« Ça ne donne même pas 50 km par jour, gros lâche. », es-tu probablement en train de calculer.
En effet. Mais on voyage beaucoup moins vite avec plusieurs sacoches accrochées aux flancs de sa monture d’acier. 15 km/h en moyenne. Et puis, il ne faut pas oublier de calculer des journées de repos ou de visites touristiques. Mon but de voyager à vélo n’a jamais été de tracer la ligne la plus rapide entre deux points, bien au contraire. J’ai même été surnommé à quelques reprises le « cycliste le plus lent d’Eurasie » par d’autres cyclovoyageurs… Je préfère le mot « contemplatif ».
En enlevant ainsi ces journées plus oisives, la moyenne quotidienne passe plutôt à 65 ou 70 km, ce qui laisse encore le temps pour admirer le paysage, profiter de la nourriture et parler aux gens croisés. J’ai parfois roulé 2000 km en un mois, mais au prix de beaucoup plus d’heures en selle et de moins de jasettes.
Quelle route prendre ?
1400 km par mois donc, mais sur quelles routes ? Ça dépend du pays.
L’Europe de l’Ouest, comme chez nous, est très bien pourvue en pistes cyclables. Et même sans elles, le terrain est quadrillé de routes secondaires et agricoles qui nous amènent rapidement d’un clocher à l’autre. Tout choix ici est le bon, à condition de rouler de façon générale dans la bonne direction.
C’est dans les montagnes et les pays moins développés que les options se font plus rares. Pour traverser un col montagneux, il n’y a le plus souvent que deux options : l’autoroute (où les vélos sont généralement interdits), ou la longue montée serpentine.
De plus, dans les pays moins développés, c’est surtout la qualité des routes secondaires et l’absence d’infrastructures qui sont un frein. À choisir entre une route défoncée menant à un cul-de-sac devant une rivière sans pont, ou une route un peu plus passante, je choisirai ici souvent la deuxième option.
Applications intelligentes
Comme on voit, c’est un peu difficile de planifier tout cela d’avance de derrière son ordinateur. Surtout si le voyage s’étale sur davantage que quelques semaines. Je m’oriente donc une journée ou deux journées d’avance avec mes cartes électroniques – je n’en ai aucune papier – et je m’adapte sur le terrain.
Je n’utilise d’ailleurs que mon téléphone pour m’orienter. Même sans connexion internet ou carte SIM locale, la fonction GPS fonctionne bien en permanence.
C’est l’application maps.me, qui permet de télécharger gratuitement des cartes très détaillées de partout dans le monde, qui est ma source principale. J’obtiens aussi généralement d’avance les cartes hors ligne sur Google Maps. Les informations sont souvent complémentaires entre les deux applications. Google Maps a plus de commerces, alors que maps.me a plus de sentiers ou de petites routes. Cette dernière application calcule aussi les itinéraires et les élévations à parcourir, même en mode hors ligne. Avec Google Maps, j’ai toujours d’activée l’option itinéraire vélo ou, à défaut de celle-ci, l’option « éviter les autoroutes ».
À noter que les options piétonnes peuvent aussi aider à choisir un chemin, mais elles passent parfois par des petits sentiers, sur des passages piétonniers, ou à contresens. Plus jamais je ne souhaite traîner mon vélo de 55 kg sur l’équivalent de trois étages d’escaliers d’un passage piétonnier par-dessus une autoroute !
Enfin, en Europe j’ai aussi utilisé l’application Cycle Maps, mais je l’ai abandonnée après m’être retrouvé au milieu d’une rivière en plein centre des montagnes bosniennes. L’application demeure cependant pertinente pour les pays plus développés, où l’on compte davantage de pistes cyclables.
Climat, frontières et visas
Le climat et le temps de l’année où l’on roulera dans un pays sont aussi primordiaux dans la préparation. Le froid est généralement plus problématique que la chaleur, surtout en montagne où, particulièrement à partir de 2000 mètres, l’été se transforme rapidement en automne et l’automne, en hiver. Pour les pays plus tropicaux, il peut être important d’identifier les périodes de mousson, afin d’éviter de recevoir un déluge sur la tête au quotidien.
Un douanier croate m’a aussi appris qu’on ne pouvait pas entrer par n’importe quelle porte dans un pays. Généralement, une simple recherche sur la frontière à traverser permettra de savoir si elle se fait à vélo ou pour les citoyens de tous les pays. J’aurais ainsi appris que le poste frontalier entre la Slovénie et la Croatie vers lequel j’avais pédalé n’acceptait que les citoyens de l’Union européenne.
Même chose pour les visas. Alors qu’il est bien souvent possible d’obtenir un visa à son arrivée à l’aéroport, il faut davantage prévoir d’avance pour les entrées terrestres. C’est notamment le cas pour le Vietnam, pour lequel j’ai dû obtenir mon visa à l’ambassade de Vientiane au Laos.
Pour certains pays, dont la Chine, il est même fortement plus avantageux et facile d’obtenir son visa avant de quitter son pays d’origine, plutôt que de tenter de l’obtenir sur la route à une ambassade étrangère.
Tout ça apparaît peut-être comme beaucoup de préparation, mais les informations ne sont généralement pas très compliquées à trouver. Et qu’y a-t-il de plus agréable de que rêver en préparant son prochain périple ?
Sur ce, bonne préparation ! Moi, je dois retourner pédaler !
Photo en en-tête de cet article: une agréable piste cyclable d’Autriche
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