Réponses aux randonneurs

 À la suite de la publication du billet intitulé Imprévisibles, les Présidentielles, vous avez été nombreux à questionner son auteure. Dans ce cours billet, elle vous répond brièvement afin de nourrir votre appétit pour ce genre d’expédition. Bonne lecture!

 Par Danielle Vibien, acheteuse à La Cordée

Est-ce qu’il y a des possibilités de campings près des crêtes sur les White Mountains, à l’abri du vent? 

Non. Il est interdit de camper au-delà de la ligne des arbres. De toute façon, il y est impossible d’être à l’abri du vent. La seule option est de dormir dans l’un des refuges qui se trouvent sur le tracé. Les campings aménagés, sur des plates-formes en pin, sont toujours situés dans la forêt, à environ trois-quatre de kilomètre plus bas que les crêtes.

Est-ce permis de camper un peu n’importe où?

Au New Hampshire, je crois que oui, sous la ligne des arbres. Par contre, si vous campez n’importe où, assurez-vous d’avoir un point d’eau à proximité, et surtout, qu’il ne soit pas à sec. Puis, essayez de trouver un endroit défriché et plat pour y poser votre matelas de sol… un beau défi en soi!

Pour connaître toutes les règles qui régissent ce genre de traversée, informez-vous directement au AMC (Appalachian Mountain Club) pour éviter de contrevenir à leur code d’éthique.

T’arrive-t-il de faire de la longue randonnée seule?

Oui. Voici trois de mes parcours faits en solo, entre 2006 et 2010.

  • La traversée des Chic-Chocs en dix jours au mois de septembre. Sept jours de pluie, et je n’ai presque pas croisé de randonneurs.
  • Le Tour du Mont-Blanc en France, en dix jours. Là, il y avait du monde sur le circuit. J’étais rarement seule.
  • Le Gr20 en Corse en seize jours. Là, impossible d’être seule. Nous étions bien 120 campeurs au premier camping de la traversée. Je m’y suis fait des amis qui sont restés mes amis, même après le retour.

Alors, je n’hésite pas à partir seule en longue rando parce que je sais qu’il y a bien des chances que je croise d’autres randonneurs, aussi seuls, avec qui je pourrai partager un moment et avec lesquels je pourrai échanger. Je suis une personne sociable, pleine de ressources, alors je ne suis pas inquiète.

Je vous dirais ceci : j’ai apprivoisé ma solitude progressivement. J’ai commencé par descendre dans les Adirondacks deux jours et deux nuits, dans des zones fréquentées, pour pousser l’audace un peu plus loin par la suite,toujours en tenant compte de mon degré de confiance. Au fil du temps, j’ai fini par m’éloigner un peu plus et par visiter l’arrière-pays.

Anecdote de voyage

Je suis partie seule faire le GR20. Au jour 4, j’ai attrapé une gastro (je vous épargne les détails!), mais j’ai tout de même poursuivi ma traversée affaiblie, et j’ai tenu le coup.

Voici les compagnons de route que la vie a mis sur mon chemin…

Des Français d’origine : un gastroentérologue, sa femme infirmière au bloc opératoire, un pharmacien et une nutritionniste… Euh… un chausson aux pommes avec ça?

Je vous dis que j’étais vraiment bien entourée! Quel curieux hasard… orchestré, dirais-je! Alors, j’ai confiance et je n’hésite pas à partir seule. Mes rencontres sont extraordinaires! Probablement plus significatives à mes yeux que si j’étais partie à deux ou à plusieurs.

Ces temps-ci, je randonne en groupe avec les clubs de plein air dont je suis membre. C’est moi qui organise ces sorties. Ce sont des randos d’une journée. Le covoiturage est de mise. J’aime échanger avec les autres pour élargir mon champ de vision. J’aime mon rôle de chef de sortie.

Mais la longue randonnée a quelque chose de mythique pour moi. Ça commence par un calendrier, une carte topo, un point A, un point B, et là, je sens « l’appel ». Il n’y a que moi qui puisse y répondre, à mon rythme, selon ma planification, ma perception, mon expérience. Quand je randonne seule, je permets à mon écho d’être entendu. Pour moi, c’est une façon de m’accorder la permission d’exister, sans dépendre de l’autre. La rando seule? C’est méditatif, je vous le dis!