Des condors et du vent

Pour notre deuxième partie de voyage, nous nous sommes arrêtés à Santiago au Chili. Nos péripéties de plein air ont commencé à Yerba Loca, un parc un peu au nord de cette ville, dans la cordillère des Andes.

 

Yerba Loca, qui se traduit par herbe folle, tient son nom d’une plante qui pousse un peu partout, à cause de la sécheresse. Nous avons décidé de faire une courte randonnée de 14 km sur le Cerro Manchon, un sommet de 3720 mètres. Lors de cette ascension, nous avons expérimenté l’effet de l’altitude (une première pour moi!). L’altitude a été le principal défi de cette randonnée. En effet, marcher sur un sentier plat à 3000 mètres d’altitude requiert un effort considérable. Sans compter que nous étions suivis de près par des taureaux qui guettaient le sentier…

Océan de montagne, la cordillère des Andes

Après avoir passé la nuit dans notre tente sur un des nombreux faux sommets du Cerro Manchon, nous avons décidé de repartir de bonne heure pour atteindre le réel sommet. Nous avons donc fait une partie du chemin dans le noir, quoiqu’éclairés par la lune, et avons été en mesure d’atteindre le vrai sommet au même moment que les premiers rayons de soleil.

Torres del Paine

Puis, question de profiter des dernières journées douces de l’été chilien, nous sommes ensuite allés directement en Patagonie et à la Terre de Feu. Comme de fait, nous avons été plus que chanceux lors de notre randonnée à Torres del Paine : le vent a été clément et la pluie s’est faite rare. Victime de sa popularité, le parc nous a offert une seule tempête; celle de la foule de gens présents dans le parc, particulièrement sur le circuit du W. Malgré cet achalandage saisonnier, Torres Del Paine est étonnamment bien conservé et la beauté de son paysage semble irréelle.

Dévers de conglomérat : «Tire, mais tire pas trop!»

À la suite à notre randonnée, nous désirions aller à la rencontre de la faune sauvage du Chili. Pour cela, nous devions aller dans les endroits peu fréquentés. Tout près de Puerto Natales, ou Natales, comme le disent les locaux, se trouve un magnifique lac. (Par souci de conservation, et pour nous conformer à la demande des locaux, nous gardons le nom de ce lac secret.) À l’orée de ce lac se trouvait une falaise de conglomérat, un type de roche sédimentaire. Cette roche était toutefois assez solide pour être grimpée si on y testait chaque prise, ou presque. (Nous partageons ce conseil, car nous avons tous les deux vécus des chutes lorsque des prises nous sont restées dans les mains.) Dans ce cas-ci, le moindre qu’on puisse dire c’est qu’il s’agissait d’une roche très intéressante à grimper. Autre fait notable : l’immensité des cavités présentes sur les parois. Dans ces gros trous de roche, situés pour la majorité dans la moitié supérieure des falaises, se trouvaient d’immenses condors (les urubus du Chili). Lors de notre unique tentative de grimper Nodriza, une voie de 6 longueurs, nous avons eu la chance, ou disons plutôt la malchance, de faire la rencontre de près, de très près, de TROP près de ces rapaces chauves de 3,20 m! Malheureusement, nous ne pouvons vous partager aucune image de ces géants, car nous étions trop occupés à éviter une attaque de griffes acérées et de becs menaçants.

Lac près de Natales

Notre dernier passage au bout du monde nous a menés à la Terre de Feu, la terre des Selknams, Yagans et Alakalufs. Autrefois, pour se réchauffer des grands froids et des grands vents, ces peuples autochtones décimés allumaient de nombreux feux visibles de la mer. C’est d’ailleurs pour cette raison que cette île porte ce nom. Et c’est sur cette île que les guanacos et les moutons d’élevage se prélassent toute la journée, sous les rafales incessantes.

Ainsi, nous poursuivons nos aventures dans la région des lacs, là où le vent fait place à la pluie.

Photo d’en-tête : Les nombreux faux sommets du Cerro Manchon.

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Alexandra et Mathias

Mathias Arroyo-Bégin est caméraman animalier et passionné d’escalade. Alexandra Kateb est guide de plein air, technicienne en bioécologie et passionnée de grimpe. Ils sont amoureux et partenaires d’aventure. Ce printemps, ils partent découvrir les parois du Mexique et du Chili. Oui, pour le plaisir de quitter le quotidien, mais aussi pour renouer avec leurs racines puisqu’ils sont tous les deux originaires de l’Amérique du Sud.

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