Première expérience de longue randonnée en autonomie pour Lydiane et sa sœur. Destination : le mythique parc national Torres del Paine au Chili. Pendant leur périple entre soeurs, les filles ont dû faire face aux caprices de dame nature. Mais bon, c’est chose courante en Patagonie. N’empêche que l’expérience, bien qu’exigeante, valait assurément le coup, selon Lydiane. Bref retour sur ce périple patagonien hors du commun.
Par Lydiane St-Onge
Partir six jours en autonomie complète dans le parc de Torres del Paine représentait tout un défi pour Lydiane et sa sœur. Le dénivelé, la météo automnale et le poids des sacs à dos ont constitué les principaux défis à relever pour ce duo pourtant féru de rando. Arrivées sur place dans le creux de la saison touristique, les filles ont eu la chance de découvrir les grands espaces presque seules au monde. Mais le temps humide et les fortes rafales ne leur ont pas rendu la vie facile. Voici comment elles se sont préparées à cette expédition mémorable.
Habituée de découvrir les montagnes un peu partout dans le monde, Lydiane avait en tête que la température pouvait changer drastiquement dans cette mythique région du monde. Lorsqu’elle a rempli son sac à dos, elle s’est assurée de garder à portée de main : un pantalon de pluie, une paire de gants, une tuque et un petit manteau de duvet, « car ici, on peut rencontrer les quatre saisons dans une seule journée! »
Pour la bouffe, Lydiane et sa soeur ont dressé une grille d’aliments à apporter en comptant exactement les portions nécessaires pour chaque repas. « On a respecté les portions sans plus. Puis, comme on a déjà fait une expérience similaire en Colombie, avec un guide en trek de survie, on savait un peu comment faire. »
Malgré cette planification méticuleuse, Lydiane regrette d’avoir apporté des oranges, des avocats, des oignons et des pommes, à cause de leur poids. « On tenait à manger au moins un fruit et un légume par jour, mais il aurait fallu qu’on trouve d’autres aliments plus légers. Mais bon, il manquait de choix en Patagonie. »
Défis techniques
Au début du parcours, marcher avec vingt kilos sur le dos leur était assez pénible. « Marcher deux kilomètres nous prenait une éternité. Au début, on devait faire des pauses environ toutes les 30 minutes pour soulager notre dos et nos épaules. On avançait à pas de tortue, et ce rythme lent a miné notre moral. Il ne fallait pas penser aux jours à venir parce que ça nous semblait impossible d’y arriver. »
Au fil de la rando, elles ont appris à bien transférer leur poids sur leurs bâtons de marche et à les utiliser le plus possible, surtout dans les côtes. Puis, plus les jours passaient, plus leurs sacs s’allégeaient. À la fin de leur périple, elles avaient perdu au moins trois kilos de nourriture chacune. « C’était merveilleux d’avoir un sac plus léger! » raconte Lydiane.
La grande voyageuse raconte qu’il était difficile à planifier le kilométrage quotidien à faire à cause de la difficulté du terrain à parcourir, de la météo et de la force incalculable du vent patagonien. « Parcourir quinze kilomètres avec un vent de face de 80 km/h, c’est vraiment différent de ce que je suis habituée à rencontrer en randonnée. Les conditions nous ont donc fait perdre beaucoup de temps! » Finalement, les filles ont décidé de jouer de prudence et de prévoir de courtes journées de marche pour mieux profiter de leur aventure et pour éviter le stress en fin de journée. « C’était parfait pour nous parce qu’on est arrivées trop souvent à destination vers 18 h ou 19 h. »
Moment mémorable
Lors de leur premier matin, les randonneuses se sont levées très tôt pour gravir une montagne et admirer le lever du soleil sur les « Torres », les bien connues tours de roches qui se colorent avec le soleil. Comme il y avait une tempête de neige au sommet, elles ont attendu deux heures en espérant très fort pouvoir admirer les tours devenues invisibles dans la tempête. Immobiles pendant de longues minutes, elles ont commencé à avoir froid et ont décidé de redescendre au campement. C’est à ce moment que le ciel s’est dégagé. Excitées, elles ont décidé de remonter jusqu’à leur tour d’observation pour contempler la lumière qui se levait sur les tours enneigées. « C’était absolument grandiose! Un spectacle magnifique dont je me souviendrai toute ma vie. »
Contrer dame nature
En Patagonie, on peut s’attendre à rencontrer les quatre saisons en une seule et même journée. Alors, aussi bien être prêt à affronter les sautes d’humeur de dame nature. Pour se préparer à des changements climatiques drastiques, les randonneuses ont glissé leur sac de couchage, leurs vêtements et leur matelas de sol dans des sacs étanches pour que tout reste sec, même après une journée complète de grosse pluie.
Mis à part les ondées fréquentes, le vent est parfois herculéen dans ces montagnes. Les tentes soufflées par Éole qui atterrissent dans un lac ou dans les arbres font partie du paysage de la place. Inutile de dire qu’il faut attacher solidement sa maison portative pour éviter de la voir s’envoler vers l’infini.
Parfois, le vent est tellement fort qu’il est impossible de mettre une housse imperméable sur son sac. « Il faut utiliser une autre technique. Nous, on avait mis un immense sac de poubelles à l’intérieur du sac dans lequel on glissait tous nos sacs de compression. Le sac à l’extérieur pouvait être complètement trempé, mais l’intérieur restait sec! »
Les filles ont aussi développé une technique pour défaire leur tente sous la pluie. « On gardait le double-toit fixé au sol, on retirait toutes les attaches et les pôles à l’abri de la pluie, puis on pliait la tente. On finissait en rangeant le double-toit trempé, que nous mettions à part dans un sac de poubelles. Notre tente restait donc toujours au sec… ou presque! »
Et, pour contrer les inévitables frissons du matin, Lydiane avait pris l’habitude de placer ses vêtements de randonnée dans le fond de son sac de couchage pour réduire l’air à réchauffer, et pour que ses vêtements ne soient pas glacés au petit matin.
Erreurs à ne pas répéter
Humblement, Lydiane avoue qu’elles auraient dû réduire la quantité de matériel apportée. « La règle d’or, c’est de déterminer si un article est complètement essentiel ou s’il est possible d’en diminuer le format ou de le mettre dans un contenant moins lourd. Chaque petit article fait une différence sur le poids total! »
Par ailleurs, même si les chemins sont très bien balisés dans le parc, Lydiane raconte qu’elle a regretté de ne pas être partie avec une montre GPS, une boussole et un bon plan. Surtout qu’à Torres del Paine, il faut se rendre à l’une des deux extrémités du parc pour accéder aux services d’urgence. Lydiane spécifie qu’à part les randonneurs et les employés qui travaillent dans les campings, les secours sont inexistants dans le parc. Tout comme les réseaux cellulaires. Vaut donc mieux être équipé pour les urgences.
De retour à la civilisation, après six journées de pure nature, les filles se sont empressées d’acheter de la nourriture, de manger du chocolat, de boire du vin et de prendre une bonne douche. « Probablement la plus longue douche de l’histoire! »(rires).
Même si le périple a été éprouvant par moments, Lydiane souhaite répéter ce type d’expérience. Celle qui craignait un peu ce genre de rando raconte qu’elle a compris qu’avec une bonne préparation, il est simple de survivre en forêt. Sans compter que c’est zen d’avoir l’impression d’être loin de tout pour se brancher complètement sur la nature. Une expérience mémorable qu’elle souhaite faire découvrir à son copain à son retour.
Lydiane poursuit son voyage à El Chalten, un autre parc national qui offre des tonnes de randonnées dans un décor tout aussi incroyable. Ensuite, direction Buenos Aires pour 10 jours avant de rentrer à la maison, le 18 mai. Suivez ses aventures sur Facebook ou offrez-vous un peu de lecture inspirante en vous procurant son livre. Les ressources utiles de Lydiane :
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