Un, deux, trois… Go!
Je cours avec une équipe. Ses membres font l’objet d’une sélection. Pour courir 120 km à St-Donat, j’avais notamment une équipe de rêve. Par exemple, deux coureurs de mon équipe avaient déjà parcouru de longues distances, ce qui me rassurait drôlement. Moi, avant ce défi, je n’avais encore jamais fait plus de 65 km en course sur sentier.
Ensuite, il y a Karine, ma « ultra-partenaire ». Tout comme moi, elle a commencé à courir sur sentier il y a trois. Depuis, nous avons, elle et moi, foulé plusieurs kilomètres ensemble et avons en outre partagé l’expérience de notre premier ultramarathon (aussi mon premier abandon). Karine possède une grande force mentale ; aucune difficulté ne peut l’arrêter. Elle a notamment décidé de prendre le tournant des très longues distances que je ne le fasse. Au départ de la Petite trotte, à mes côtés, ses jambes s’appuyaient déjà sur l’expérience de trois courses de 80 km.
Pierre, lui, est un coureur dans la cinquantaine et mon ami, depuis maintenant deux ans. De tempérament posé et calme, il se démarque par son rythme : mieux qu’un métronome, il tient le rythme. Sur le plat comme en descente et même en montée, il conserve son allure. De nous tous, il est celui qui a la plus grande expérience en aventures de plein air de longue durée.
Le comité organisateur, quant à lui, nous fournissait ravitaillement et eau durant le parcours. Nous pouvions d’ailleurs préparer trois sacs, qui seraient ensuite déposés ici et là sur le parcours afin de nous ravitailler en bas, capsules de sel, pansements, chasse-moustique et tutti quanti.
Promenons-nous dans le noir
Nous entamons un tronçon d’environ 20 km, qui comprend la montée de la Montagne Grise et celle de la Tête Blanche. La bonne humeur règne toujours dans les troupes bien qu’une petite fatigue commence à se faire ressentir (c’est la nuit, après tout). Les descentes, que je connais pourtant, semblent soudain allongées et les montées, renouvelées.
Quatre heures plus tard, nous rejoignons une deuxième station de ravitaillement. Les bénévoles, cette fois, y ont préparé un feu de camp. Nous nous assoyons pour nous délecter d’un banquet digne des tables de ravitaillements des courses européennes, avec saucisson, fromage, fruits, croustilles, café, sucreries et pain à l’honneur. C’est dans le cadre de ce festin qu’on nous révèle n’être plus que neuf coureurs (sur treize) dans la course.
À 2 h du matin, assise près du feu, je considérais avoir déjà franchi la moitié du parcours. Ensuite, chacun de mes pas me rapprocherait de l’objectif ultime : le village de St-Donat. D’en prendre conscience m’a redonné des forces, notamment celle de quitter le feu de camp et de reprendre la route, à la belle étoile.
Entre le 60e et le 80e km, nous avons l’occasion de parcourir une quinzaine de kilomètres avec les derniers « trotteurs » qui demeurent dans la course. Aussi, nous prenons une pause en groupe, afin d’observer le lever du jour. Une lumière rose-orangé point par delà des montagnes et les premiers rayons touchent les lacs des Laurentides. Ce panorama majestueux a pour effet de nous faire oublier un instant la fatigue qui s’abat de plus en plus sur nous, sur moi.
Au point du jour, la nuit avait commencé à être longue. Mes pas devenaient de moins en moins énergiques. L’état de fatigue psychologique m’engourdissait de plus en plus. Oui, j’ai songé à abandonner, vers 4 h 30 du matin. Puisque je ne détenais pas de réel motif pour me retirer (ex. blessure, problème gastrique), j’ai décidé de rester dans l’aventure. En vérité, j’étais incommodée par la fatigue et l’émotivité qui en découle. La lumière du jour saurait chasser mon malaise.
Comme je l’espérais, le soleil m’est salvateur. Je recouvre mon énergie et sors de ma torpeur. À 9 h, nous retrouvons les bénévoles de la station des premiers 80e km (puisque le parcours est un aller-retour).
Nouveau jour
Après une première journée de course et une nuit en mouvement, une deuxième journée commence. Et elle s’avère des plus excitantes !
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Ariane Adam-Poupart
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