Équateur : à l’assaut des volcans

Par Nicolas Paré

Que savez-vous à propos de l’Équateur?

Pas la ligne imaginaire qui sépare les hémisphères nord et sud, mais bien le petit pays d’Amérique du Sud!

Peu de voyageurs se donnent la peine d’explorer cette contrée magnifique, étant trop pressés de gagner le Pérou depuis la Colombie (ou vice versa).

Vous aimez dépasser vos limites et atteindre des sommets toujours plus hauts? L’Équateur regorge de volcans dépassant les 5000 mètres d’altitude qui n’attendent qu’à être gravits.

Voici mes six volcans coup de cœur :

Pichincha (4784 mètres)

Le volcan maison!

Toute aventure en Équateur commence à Quito, l’une des plus hautes capitales du monde (2850 mètres).

Il n’aura jamais été aussi facile de franchir le cap des 4700 mètres d’altitude que lors de l’ascension de Pichincha, le volcan (éteint) qui « veille » sur Quito tel une sentinelle de pierre.

L’accès au sommet est facilité par la présence d’un téléphérique qui vous conduit à 4200 mètres. Dès lors, il suffit de suivre le sentier bien balisé jusqu’au sommet… exception faite des 200 à 300 derniers mètres où il faut utiliser ses mains et ne pas trop avoir le vertige.

C’est la randonnée parfaite pour vous dégourdir les jambes, vous acclimater à l’altitude (vous aurez assurément un peu mal à la tête durant l’ascension, mais de monter aussi haut et de redescendre tout de suite est excellent pour l’acclimatation à l’altitude) et avoir une vue à couper le souffle de tout Quito et de l’avenue des Volcans.

Durée : 1/2 journée

Accès : depuis Quito

Mise en garde

Pour ceux qui arrivent à Quito du niveau de la mer, donnez-vous quelques jours d’acclimatation avant de tenter l’ascension.

Profitez-en pour visiter le musée Inti-Nan. Surprise et amusement garantis dans ce musée interactif hors de l’ordinaire situé directement sur la ligne de l’équateur.

Quilotoa (3914 mètres)

Le volcan touristique!

Vous n’êtes pas encore complètement acclimaté à l’altitude? Mettez le cap sur Quilotoa!

Quilotoa est un volcan comme on en voit rarement sur Terre : éteint depuis presque un millénaire, il s’est depuis formé un gigantesque lac dans la caldeira.

Deux options s’offrent à vous :

  • Aventureux – Il est possible de rallier Quilotoa via la Quilotoa Loop. Débutant dans le village de Sigchos, passant au travers d’une vallée aride et culminant avec une promenade sur l’arête du volcan, comptez trois jours pour faire cette randonnée (hébergement en auberge dans les villages de la vallée).
  • Semi-aventureux – Pour ceux avec un horaire serré, ou qui n’aiment tout simplement pas faire des randonnées sur plusieurs jours, il est possible de rallier le village de Quilotoa en bus. Directement sur le bord du cratère, vous pourrez faire le tour en marchant sur l’arête (1/2 journée).

Tenez-le-vous pour dit, Quilotoa est l’un des endroits les plus touristiques d’Équateur, et n’offre aucune véritable difficulté, mais, malgré tout, il vaut le déplacement.

Accès : depuis Latacunga, bus jusqu’au village de Quilotoa ou Sigchos

Durée : 1 à 4 jours

Cotopaxi (5897 mètres)

L’icône de l’Équateur!

Cotopaxi est sans l’ombre d’un doute la vedette de l’avenue des Volcans. Ce dôme parfait, coiffé d’un manteau de neige, est le genre de montagne qui vous hypnotise au premier regard.

L’avenue des Volcans est le surnom du tronçon de route reliant Quito à Riobamba. Le long de cette route de quelques 200 kilomètres, vous croiserez une bonne douzaine (sinon plus) de volcans de toutes les formes et hauteurs.

Cotopaxi vit présentement sur du temps emprunté puisqu’il est mûr pour exploser depuis quelques années (il entre en éruption aux cent ans, et sa dernière remonte à 1877), explosion qui risque de le défigurer à jamais.

L’ascension jusqu’au sommet est désormais interdite, mais il est possible de rejoindre le camp de base (à 4800 mètres d’altitude, à la limite de la neige).

Une activité populaire consiste à dévaler la route en vélo de montagne depuis le refuge.

Accès : depuis Quito

Durée : 1 journée

Tungurahua (5023 mètres)

Le volcan dont je n’étais pas censé atteindre le sommet 

Tungurahua signifie « Gorge de Feu » en Quechua. Ce nom lui va comme un gant considérant que c’est l’un des volcans les plus actifs du pays. Presque chaque année, on peut admirer des mini explosions de lave émanant du sommet.

En théorie, il n’est pas possible d’atteindre le sommet. En pratique, personne ne vous en empêchera.

Pour dire vrai, je n’avais aucune intention d’atteindre le sommet quand j’ai commencé cette randonnée. J’avais entendu dire qu’il y avait un refuge sur ses flancs et que la vue sur l’ensemble de la région était imbattable.

J’atteignais le départ du sentier, situé à Runtun, petit village dans les hauteurs de Baños, pour tomber sur un gardien de parc comme il y en a rarement d’aussi gentils.

Celui-ci me permettait d’aller dormir au refuge (gratuitement) en me faisant promettre de ne pas tenter d’atteindre le sommet.

Juré! Craché!

J’atteignais le refuge via un sentier n’offrant aucune véritable difficulté. Celui-ci se situait à la lisière de la végétation, où les flancs du volcan ne sont plus qu’un mélange de cendres et de roches volcaniques.

Arrivé au refuge beaucoup plus rapidement que prévu, je décidais d’aller explorer un peu plus haut afin de trouver l’endroit parfait pour admirer le coucher de soleil.

Je n’avais tellement pas l’intention de monter jusqu’au sommet que j’étais parti sans sac, avec une bouteille d’eau à moitié vide…

Je trouvais rapidement l’endroit parfait, mais décidais de monter un peu plus haut…

Le sentier zigzaguait, sur les flancs recouverts de sable volcanique, avec une inclinaison très agréable, si bien que je continuais à monter.

Ayant en tête la promesse que j’avais faite au gardien du parc, je me disais qu’à la première difficulté, je rebrousserais chemin.

Je continuais donc à monter…

Contre toute attente, j’arrivais au sommet du volcan…

Nul besoin de monter jusqu’au sommet pour avoir une vue de malade. Marchez 30 à 45 minutes après le refuge, trouvez une roche à votre goût, assoyez-vous, et admirez l’un des plus beaux panoramas que l’Équateur a à offrir (en toute légalité).

Le lever de soleil depuis le refuge est aussi à ne pas manquer.

Accès : depuis Baños

Durée : 2 jours

Mise en garde

Le refuge est laid : vitres cassées, aucun service, vous trouverez des matelas pour poser vos sacs de couchage. Il n’y a aucun moyen de se ravitailler en eau sur le volcan. En clair, amenez une bonne quantité d’eau.

Illiniza (5248 mètres)

La fois où j’ai battu un cavalier sur 12 kilomètres et 1400 mètres d’ascension

Vous ne trouverez pas ce volcan dans les guides de voyage, et pourtant, ce fut mon ascension préférée en Équateur.

Volcan à deux sommets jumeaux pas pareils; l’un est recouvert de neige (Illiniza Sur, 5248 mètres), l’autre est un tas de pierre et de sable (Illiniza Norte, 5126 mètres). Les deux sommets faisaient autrefois partie d’un super volcan, qui explosa lors de sa dernière éruption.

Parti depuis le petit village de El Chaupi, j’atteignais le départ du sentier au bout d’une route de terre (environ 5 kilomètres – possible de prendre un taxi $$$).

Je faisais la connaissance avec le gardien du refuge, qui s’apprêtait à rejoindre… le refuge (c’est logique non) à cheval.

À son plus grand étonnement (et au mien), les deux heures qui suivaient allaient me voir suivre le rythme du cheval, le dépasser… et le distancer (non, le cheval n’était pas vieux, malade ou surchargé).

À son arrivée au refuge (quelques minutes après moi), le gardien s’écriait « Gringo! », s’empressait de descendre de son cheval, et me donnait une tape amicale sur l’épaule. Cela ne l’empêchait pas de me demander les 15 $ pour la nuit au refuge… un peu cher, mais confortable, avec une cuisine et l’eau courante.

Depuis le refuge (4770 mètres), l’ascension devient plus technique. Nul besoin de piolet/baudrier/corde, mais je recommande de louer un casque dans l’une des (deux) auberges de El Chaupi.

Tout comme Tungurahua, il n’est pas essentiel d’atteindre le sommet pour avoir des vues de ouf. Le lever de soleil depuis le refuge est tout simplement magique.

Accès : depuis El Chaupi (bus jusqu’à Machachi, puis bus jusqu’à El Chaupi

Durée : 2 jours

Chimborazo (6268 mètres)

Dit l’endroit le plus éloigné du Centre de la Terre!

Le dernier et non le moindre!

En plus d’être la plus haute montagne de l’Équateur, Chimborazo est considérée comme l’endroit le plus éloigné du centre de la Terre sur la surface de la planète.

La terre n’étant pas une sphère parfaite, étant plus dense à l’équateur (la ligne), le sommet de Chimborazo se trouve presque 1000 mètres plus loin du centre de la Terre que le sommet de l’Everest.

Depuis le camp de base, situé pile-poil à 5000 mètres d’altitude, l’ascension débute vers 23 h (en pleine nuit), monte dans une zone d’éboulement durant la première heure (de loin l’heure la plus facile… « la plus facile » ne voulant pas dire « facile »), pour ensuite être entièrement sur glacier jusqu’au sommet.

En tout temps, le sentier est au mieux extrêmement incliné et n’offre aucun moment de répit. Quand vous voulez faire une pause et vous asseoir, il vous faut creuser un trou dans la neige avec votre piolet pour éviter de faire une chute de plusieurs centaines de mètres.

C’est, à ce jour, l’ascension et la randonnée la plus exigeante que j’ai faite de ma vie. J’étais dans la meilleure forme de ma vie lors de l’ascension et j’étais plié en deux, mort de fatigue toutes les cinq minutes.

Mais c’est la récompense ultime! Vous êtes au sommet de l’une des plus hautes montagnes d’Amérique du Sud à contempler tous les autres volcans de l’Équateur avec une vue en contre-plongée.

Accès : depuis Riobamba

Durée : 2 jours

Guide obligatoire (sauf sur présentation d’une carte de club de montagne)

Mise en garde

Je ne recommande pas cette montagne aux débutants.

Des douze personnes qui ont quitté le refuge aux petites heures du… soir pour atteindre le sommet, seules quatre ont atteint le sommet… et toutes étaient en parfaite forme physique.

Mon ami, avec qui je faisais l’ascension, s’est évanoui au sommet. Moi et le guide avons dû le descendre à l’aide des moyens du bord (donc de la corde) sur 1300 mètres de dénivelé négatif sur un versant quasi vertical.

La loi non écrite en Équateur est que si le sommet d’une montagne est enneigé, il faut un guide. Autrement, si vous avez le matériel et (surtout) l’expérience, vous pouvez y aller seul.

Mentions honorables 

Cayambe (5790 m)

Troisième plus haute montagne du pays, l’ascension sur glacier de ce volcan éteint est réputée comme technique. Une solution un peu moins haute à Chimborazo.

El Altar (5319 m)

Autrefois la plus haute montagne d’Équateur, le volcan s’est effondré lors de sa dernière éruption. Il en résulte une multitude de sommets disposés en demi-cercle autour d’un lac… d’où le nom « El Altar » (l’hôtel dans l’église). Il est possible d’atteindre le sommet ou simplement de gagner le lac dans le fond de la vallée.


L’Équateur c’est aussi les Galapagos. Pourquoi ne pas prendre une semaine de « repos » dans cet archipel unique sur Terre avant de retourner au Canada?

Saviez-vous qu’il est tout à fait possible de faire les Galapagos en mode island hopping? Ça revient cher, mais considérablement moins qu’une croisière.

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Bleuet du Lac-Saint-Jean et architecte de formation, Nicolas a tout laissé derrière lui en mars 2013 en échange d'un sac à dos et d'un aller simple pour l'Asie. Il a succombé à l’amour du voyage et, depuis ce temps, il a fait le tour de l'Asie, travaillé deux ans au Moyen-Orient et explore de nouvelles contrées depuis avril 2016. Son actif de voyage? Plus de quarante pays visités, de nombreuses grandes randonnées complétées et une foule de sommets atteints.