Les Bugaboos, véritable joyau de l’escalade

Perchées dans la chaîne de montagnes des Purcells, au sud-est de la Colombie-Britannique, les Bugaboos sont un lieu mythique d’escalade alpine. La qualité de la roche, l’abondance de voies classiques, l’ambiance surnaturelle et la facilité d’approche en font une destination de calibre international. Ceinturées par de vastes glaciers, la majorité des voies se trouvent sur d’immenses aiguilles qui culminent à 3000 m d’altitude. Leurs parois abritent un nombre incalculable de fissures et elles donnent accès à une multitude de voies pour tous les types de grimpeurs.

Similaire au granite que l’on peut retrouver à Squamish, la roche qui compose ces tours offre une bonne adhérence et des prises franches. Que vous souhaitiez atteindre un premier objectif alpin ou un testpiece de 34 longueurs en 5.12, les Bugaboos ne vous décevront pas. Pour le grimpeur ayant les connaissances adéquates, ce terrain de jeux offre une infinité d’aventures.

Cependant, la quantité de grimpeurs désireux de s’aventurer dans ce petit paradis ne cesse de croître au fil des ans. Il n’est pas rare de devoir attendre derrière plusieurs équipes au pied des voies classiques. Et, contrairement à d’autres destinations de grimpe, ce n’est pas un sort exclusivement réservé aux voies de niveau intermédiaire. Il est commun de voir des équipes attendre à la base de certaines voies plus difficiles comme McTech Arete (5.10-), Paddle Flake (5.10) ou encore Sunshine Crack (5.11-). Ceci dit, il ne faut pas se laisser décourager par les foules. Ces voies sont populaires avec raison, et elles méritent amplement l’attention qu’elles reçoivent. Après tout, elles représentent le meilleur de ce que les Bugaboos ont à offrir. Néanmoins, même les voies avec moins d’étoiles sont d’une qualité étonnante et elles représentent des solutions intéressantes si vous êtes pris derrière quatre groupes guidés et onze membres d’un club alpin. Par contre, si votre objectif est de gravir les voies les plus populaires, certaines astuces pourraient vous être utiles :

  1. Optez pour un départ alpin (avant l’aube) pour éviter que votre journée mémorable se transforme en journée frustrante parce que vous devez patienter à chaque relais. De plus, pour plusieurs (très) longues voies, un départ à 5 h est essentiel si vous ne voulez pas revenir au camp à minuit. Mais même là, il se peut qu’une dizaine d’équipes soient parties à 4 h. Comme la météo n’est pas toujours très bonne dans les Bugaboos, lorsqu’une fenêtre de beau temps s’annonce, plusieurs grimpeurs souhaitent en profiter pour faire les longues voies classiques. Pour les voies plus courtes (peu de pitchs et approche courte), il peut être plus avantageux de faire un départ tardif (Ears Between, Lion’s Way ou McTech Arete). Attention par contre, les journées peuvent être chaudes et les descentes sont beaucoup plus difficiles qu’au Québec (beaucoup de roche lousse dans des sections exposées et certains relais de rappel sont difficiles à trouver).
  2. Organisez et triez votre matériel la veille pour vous permettre de partir rapidement le matin et pour être assurés d’être les premiers au pied de la voie.
  3. Planifiez votre équipement En considérant que la marche d’approche est à la base assez pénible, il est important de bien choisir votre équipement. Si vous ne voulez pas porter un sac à dos de 50 kg et devoir prendre deux jours de repos pour récupérer, optez pour du matériel le plus léger possible. C’est primordial. Or, gardez en tête que l’option fast and light implique toujours de faire des compromis entre confort, sécurité et légèreté. En apportant le minimum de matériel, il est possible que vous vous retrouviez dans des situations risquées, sans l’équipement approprié (un orage au sommet d’une voie sans avoir d’imperméable par exemple). C’est pourquoi il faut toujours vous assurer d’être à l’aise avec vos choix et de vous préparer pour tous les scénarios possibles.

Voici un exemple du matériel nécessaire pour grimper dans les Bugaboos : (voir les suggestions d’Alexis)

Matériel

Bottes ou souliers d’approche : Plusieurs options existent. Certains grimpeurs apportent leurs bottes d’escalade de glace alors que d’autres traînent seulement des souliers d’approche. La réponse idéale se trouve probablement entre ces deux extrêmes, et elle dépend des objectifs et du niveau d’engagement de chacun. De manière générale, des souliers d’approche sont suffisants pour les voies près du camping. Pour les longues approches sur le glacier ou pour traverser les cols, une botte plus solide peut être utile.

Crampons : Une paire de crampons en aluminium vous permet de sauver quelques grammes. Optez pour un modèle à courroie ou à clip selon le type de bottes que vous apportez.

Piolet de marche : Choisissez un piolet léger et de petite taille (50 à 55 cm).

Corde : Comme elle est utilisée sur le glacier, la corde devrait être une corde dry, de 70 m. Étant donné que les rappels sont souvent de 30 à 35 m, une corde simple peut être utilisée sur la plupart des voies. Une corde double peut être pratique pour certaines voies sinueuses ou pour les longs rappels.

En ce qui concerne les protections, un rack double de cams, quelques coinceurs mécaniques TCU, des noix et des tricams peuvent être utiles. Apportez vos chaussons les plus confortables, vos orteils vous en remercieront. Notez qu’il est rare de voir un relais fixe (il est interdit de bolter mécaniquement dans le parc), alors prévoyez un peu plus de coinceurs qu’à l’habitude pour en bâtir. De plus, apportez un peu de cordelette et un couteau pour remplacer certains relais de rappel pouvant parfois être douteux (surtout si vous vous trompez dans la descente).

Sac d’escalade : Entre 20 L et 30 L, doté d’une solide attache pour le piolet.

Tente : Une tente légère et solide est essentielle parce que les tempêtes sont fréquentes et violentes. Les vents sont reconnus pour briser les tentes et faire voler celles qui sont mal fixées au sol. Apportez donc de la cordelette de bonne quantité pour bien fixer votre abri aux roches. Certains optent même pour une tente 4 saisons, plus solide (et surtout résistante au vent). Au milieu de notre séjour, une tempête a fait rage pendant plus de 24 h. Nous avons passé une bonne partie de la nuit avec la tente littéralement couchée sur nous, tellement qu’il ventait et qu’il pleuvait fort. À ce moment, personne ne dormait dans le camping. Nos amis se faisaient des scénarios pour passer la nuit si leur tente brisait. Émilie et moi, on mangeait nerveusement des bretzels en attendant le beau temps… Pendant la nuit, plusieurs tentes se sont brisées.

Sac de couchage : En duvet, et d’une température d’environ -7 °C.

Lunettes de soleil : Essentielles! Dans les Bugaboos, on est constamment sur ou à proximité d’un glacier et le reflet du soleil devient rapidement aveuglant. Les modèles de lunettes de montagne sont parfaits. Sinon, des modèles moins coûteux peuvent être adéquats puisque les lentilles risquent de s’égratigner lorsque vous grimpez.

Gants : Une paire de gants est utile pour éviter que vos mains humides glissent sur le piolet. Aussi, même s’il peut faire très chaud sur le glacier, les mains peuvent geler à force d’être en contact avec la neige.

Vêtements

La météo change rapidement. Il est commun de faire l’approche en grelottant pour finir au sommet d’une voie sous un soleil intense de 30 °C. Il faut prévoir des vêtements pouvant couvrir un large spectre de températures, tout en vous assurant de ne pas encombrer votre sac. Optez pour des vêtements techniques légers, compressibles et polyvalents.

Couche de base : Chandail en fibres synthétiques ou en laine mérinos. Un pantalon style sous-vêtement peut aussi être utile lors des nuits froides.

Pantalon : Devrait être léger, souple et résistant à l’abrasion.

Coquille légère (softshell) : Utile pour couper le vent et hautement compressible.

Manteau isolant : Pour les soirées et les matins frais. Le duvet a l’avantage d’être plus léger que le synthétique, mais il doit demeurer au sec si vous ne voulez pas perdre ses capacités isolantes.

Chapeau : Pour vous protéger du soleil, tournez-vous vers un modèle à large rebord. Certains grimpeurs aiment bien grimper avec une casquette sous leur casque d’escalade.

Si vous avez d’autres questions sur le matériel, il existe une tonne d’information en ligne sur des sites comme mountainproject ou summitpost. Plus d’excuse pour ne pas aller visiter cet endroit magnifique!

Photo : Michel Landry

Suggestion d’équipement

Vêtements

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Passer l’été entier à grimper certains grands classiques de l’Ouest canadien et américain; c’est le projet de l’été d’Émilie Duhamel-Beaudry et Alexis Sarrazin, employés du magasin de la rue Sainte-Catherine. Lui, passionné de roches, elle, de plein air tout court, partent grimper de mythiques sommets granitiques, parfois en escalade sportive et d’autres fois, en escalade traditionnelle. Les marches d’approche seront par moments très longues, les voies exigeantes, mais le duo n’en est pas à ses premières aventures ensemble. Un périple un brin nomade, rempli de paysages à couper souffle.

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