Un passionné de ski de haute route de La Cordée
Année après année, je remarque qu’il y a de plus en plus de gens qui s’adonnent aux sports de montagne. Et je les comprends. Les grands espaces vierges, ça fait rêver et ça procure un sentiment de liberté presque indescriptible. Mais aller vers des contrées inconnues, ça représente une part de risque. Des risques qui peuvent être calculés et bien gérés si on a fait un bon travail préparatoire. Mais si la pensée est un peu magique, s’aventurer en montagne peut s’avérer catastrophique.
« Dans le temps des Fêtes, l’an passé, je suis allé skier avec des amis au Mont Lyall, en Gaspésie. Le temps nous promettait du beau ski de haute route dans de la grosse poudreuse. En montant sur mes peaux, j’ai regardé autour de moi et je suis devenu un peu inquiet. Il y avait beaucoup de monde sur la montagne, et les gens étaient très éparpillés : des skieurs coupaient dans le plus beau du terrain skiable pour monter plus rapidement vers le sommet. Ceux qui descendaient risquaient donc de leur foncer dedans à tout moment. Je me souviens d’avoir pensé que c’était une journée parfaite pour les accidents : beaucoup de monde qui ne connaît pas trop trop le code de conduite en montagne. J’étais loin de me douter que c’est nous qui aurions à évacuer l’un des nôtres.
On était rendus dans la portion haute de la montagne. Certains avaient même commencé à descendre lorsqu’un des skieurs les plus expérimentés de notre groupe a percuté une souche cachée sous la neige et s’est cassé une jambe. Il était incapable de se relever. Il nous fallait essayer de l’évacuer. Il était midi et faisait autour de -18 °C. On a calculé qu’on avait le temps d’évacuer notre blessé avant le coucher du soleil, mais qu’on ne devait pas perdre de temps.
Dans le passé, j’avais déjà participé à une évacuation en montagne, mais j’étais quand même content d’être fraîchement sorti d’un cours de secourisme en région éloignée. Ça me donnait confiance dans nos interventions. Comme on avait des trousses de premiers soins et des vêtements chauds dans nos sacs, on a pu immobiliser la victime, lui donner tout ce qu’on avait de chaud pour lui éviter l’hypothermie et sécuriser l’endroit pour éviter les accidents. On était contents d’avoir des walkies-talkies pour demander à ceux qui nous avaient devancés dans la descente d’avertir les secours pour qu’ils puissent prendre le relais une fois que la victime serait rendue au pied de la montagne.
Ensuite, je suis parti vers le sommet avec un autre skieur pour aller chercher du matériel d’évacuation. On est redescendus avec une civière de sauvetage Sked®, qui nous a permis d’évacuer notre victime lentement du haut du Mont Lyall au stationnement, avant la noirceur. On a été félicités par les ambulanciers pour l’organisation et l’efficacité de notre opération de secours. »
Selon moi, pour que ce genre d’expérience délicate se déroule sans anicroche, il faut pouvoir compter sur l’organisation et l’expérience de son groupe. Dans notre cas :
- Personne n’est resté seul;
- On était tous formés pour faire face à ce genre de situation;
- On avait de la nourriture en masse et des vêtements chauds supplémentaires;
- On a gardé notre calme.
En hors-piste, il n’y a pas vraiment de règlements. Mais pour que tous les skieurs de montagne puissent profiter de leur ski, il faut quand même suivre une certaine éthique. Voici une adaptation libre de celle qui se trouve sur wildsnow. Code d’éthique des randonneurs alpins.
Pour éviter les accidents…
Assurez-vous que si vous achetez ou utilisez du matériel usagé, vous avez été bien conseillés ou vous connaissez vos besoins de skieur.
Gardez en tête que quand on fait du plein air en région éloignée, il faut juste prendre le temps de comprendre ce qu’il y a autour de nous. Il faut connaître comment fonctionne la montagne et savoir quoi faire en cas d’impasse.
En ski de haute route, utilisez les traces déjà faites pour la montée, et ce, même si elles n’empruntent pas précisément le chemin que vous auriez choisi. Vous économiserez de l’énergie et éviterez de rencontrer les skieurs en sens inverse.
Ma liste d’essentiels en montagne
Je ne souhaite à personne de devoir évacuer quelqu’un sans du matériel sécuritaire de base. Puis, pour aider ceux qui s’interrogent sur ce que je traîne toujours quand je m’aventure en montagne, je vous en fais part ici. Parce que oui, se retrouver en montagne, dans un coin reculé, c’est une expérience qui coupe le souffle chaque fois. C’est aussi une entreprise qui peut s’avérer étonnamment périlleuse si la malchance nous tombe dessus et qu’on n’y était pas préparés.
- Cordelette
- Attelle souple C Splint
- Trousse de premiers soins
- Couverture de survie
- Bâche multi-usage
- Lampe frontale de secours
- Carte topo et boussole
- Surplus de bouffe
- Doudoune
- Un outil de communication* (walkie-talkie ou du matériel comme le Spot ou le InReach)
- Un panneau solaire lorsque je pars pour plusieurs jours
*On néglige souvent d’apporter du matériel de communication fiable en montagne. Les téléphones cellulaires ont tendance à geler, à se décharger rapidement ou à offrir un réseau intermittent.
Bref, continuez à conquérir les montagnes de manière responsable et respectueuse, pour qu’on puisse profiter d’elles encore longtemps sans devoir mettre en pratique trop souvent nos techniques de sauvetage.
Vous avez envie de participer à une formation pour vous aventurer en hors-piste de manière sécuritaire? Sachez que Ski Chic-Chocs offre, un peu partout au Québec, des formations reconnues par Avalanche Canada.
Photo d’en-tête : Yan Kaczynski – Juste.Être.Dehors