Par Ariane Adam-Poupart
Je viens tout juste de compléter ma troisième course en sentier de 80 km. Après un abandon, une victoire et une longue année de blessure et de réhabilitation, je ne savais pas trop comment j’allais performer. Le parcours, sur et autour de Wachusett Mountain près de Boston, nous faisait grimper une montagne de ski quatre fois. Les sentiers rocailleux, le dénivelé important et la chaleur ont fait de cette course la plus difficile dans ma courte carrière de coureuse. J’ai terminé sixième femme, mais peu importe le classement, je suis avant tout très fière d’avoir terminé ce parcours. J’y ai vécu des moments difficiles et j’ai pensé abandonner à plusieurs reprises.
Dans ce type de course, je suis généralement tellement concentrée que j’en oublie d’observer les paysages et le parcours! Cette fois-ci, et pour la première fois dans une course, j’ai porté une attention particulière à une section, alors que nous devions traverser un champ composé d’herbes hautes.
Mon esprit scientifique qui travaille sur la maladie de Lyme au Québec depuis quelques années n’a pas pu faire autrement que de me rappeler que c’était un environnement très propice pour l’établissement des tiques responsables de la maladie de Lyme. J’espérais ne pas être la seule participante à avoir mis du chasse-moustiques pour me protéger des piqûres de tiques. Et ce n’est qu’à la fin de la course que Louis-Philippe, qui m’a suivie et supportée à chacune des stations de ravitaillement, m’a confirmé que plusieurs bénévoles croyaient avoir eu des tiques sur eux.
Cette situation peut sembler exotique pour le Québec. Et pourtant, on y retrouve plusieurs espèces de tiques qui peuvent piquer l’humain. Parmi celles-ci, la plus préoccupante est l’espèce Ixodes scapularis, qui est la seule tique pouvant être infectée de la bactérie responsable de la maladie de Lyme au Québec. Cette espèce étend son territoire année après année.
Comble de malheur pour les coureurs en sentier, cette tique aime tout particulièrement les bois, les boisées et les hautes herbes.
Des populations de ces tiques infectées par la bactérie responsable de la maladie de Lyme ont été identifiées au nord et à l’ouest de l’Estrie, dans une grande partie de la Montérégie, dans le sud-ouest de la région de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et dans le sud-ouest de l’Outaouais.
De plus, les données de surveillance provinciale laissent croire que ces tiques sont aussi présentes dans plusieurs autres régions au Québec.
Alors, maintenant que l’on sait que ces tiques sont présentes dans notre environnement, que pouvons-nous faire pour continuer à pratiquer la course en sentier de façon sécuritaire?
La réponse est toute simple : adapter nos comportements pour se protéger des tiques.
Se renseigner
On retrouve de plus en plus de renseignements utiles sur la maladie de Lyme au Québec. Des informations sur les tiques et sur le risque d’acquisition de la maladie de Lyme peuvent être obtenues sur les sites web des autorités de santé publique, de certaines municipalités et même de quelques parcs.
Avant d’aller courir dans les sentiers, renseignez-vous. Et en cas de manque d’information, soyez préventif.
Se couvrir et mettre de l’insectifuge
Il est recommandé de porter des vêtements longs qui couvrent le corps ainsi que des souliers fermés lors d’activités qui nous mettent à risque d’exposition aux tiques. Il est aussi recommandé d’utiliser un chasse-moustiques à base de DEET ou d’icaridine.
Pour ma part, j’aime bien porter des bas longs qui couvrent une bonne partie des mollets lors de mes entraînements en forêt. Je les asperge de chasse-moustiques.
Rester dans les sentiers aménagés
C’est une recommandation importante, mais quelques fois difficile à appliquer lors de compétitions ou d’entraînements en sentier.
Toutefois, il faut se rappeler que les tiques ne sautent pas sur nous et qu’elles ne tombent pas des arbres. Elles montent sur les tiges des plantes et s’accrochent au passage d’une personne ou d’un animal. Pour qu’une tique s’accroche à vous, vous devez l’avoir frôlée.
Si votre activité sportive vous entraîne hors des sentiers, misez sur les autres mesures de protection.
Prendre une douche et s’inspecter
Au retour de votre course, prenez une douche ou un bain; ceci pourrait vous débarrasser de tiques qui ne sont pas encore attachées à vous.
Ensuite, examinez tout votre corps. Les tiques sont petites et parfois difficiles à voir. Leur taille peut varier entre un et trois millimètres, mais elles peuvent tripler de volume lorsqu’elles sont remplies de sang. Pour arriver à vous examiner, faites-vous aider d’une autre personne ou utilisez un miroir pour examiner les parties moins visibles comme le dos.
Si vous trouvez une tique sur vous, retirez-la le plus rapidement possible en suivant les consignes présentées plus bas. Le risque qu’une tique infectée transmette la maladie de Lyme augmente avec la durée de la piqûre. La transmission est très faible avant 24 heures et augmente par la suite.
Examiner son équipement et ses animaux de compagnie
Après votre course, il est conseillé d’examiner aussi votre équipement (sac à dos, manteau, etc.) afin d’éviter d’introduire des tiques dans votre maison.
Vous pouvez aussi mettre vos vêtements à la machine à laver à l’eau chaude (pendant au moins 40 minutes) et à la sécheuse à température élevée (pendant au moins 6 minutes).
Si vous étiez accompagné de votre chien lors de votre course, prenez aussi le temps de l’examiner; il pourrait faire entrer des tiques dans votre maison. Si vous trouvez une tique sur lui (ou sur n’importe quel autre animal de compagnie), retirez-la et consultez un vétérinaire au besoin.
Comment retirer une tique en cas de piqûre?
Si vous identifiez une tique accrochée à votre peau, vous devez la retirer le plus rapidement possible.
Pour ce faire, utilisez une pince fine, comme une pince à sourcils. Évitez d’utiliser vos doigts ou vos ongles, car vous pourriez écraser la tique et favoriser la transmission de la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Ne pas utiliser de gelée de pétrole, d’alcool à friction, de vernis à ongles ou tout autre produit pour retirer la tique.
Étapes à suivre
- Saisissez la tique à l’aide d’une pince en étant le plus près possible de la peau.Il est important de ne pas presser l’abdomen de la tique, car la bactérie responsable de la maladie de Lyme se tient au niveau de l’abdomen et une pression pourrait augmenter le risque de transmission.
- Tirez la tique doucement, mais fermement, et de façon continue, sans la tourner ou l’écraser. Si la tête de la tique reste implantée dans la peau, vous pourrez ensuite la retirer délicatement avec la pince. Cette partie ne peut plus transmettre la maladie.
- Placez la tique retirée de la peau dans un contenant qui ferme de façon étanche, comme un contenant à pilules vide.
- Après avoir enlevé la tique, nettoyez votre peau avec de l’eau et du savon, et lavez-vous bien les mains.
- Notez la date et le lieu où vous étiez lorsque vous avez été piqué, ainsi que l’endroit de votre corps où vous avez remarqué la piqûre afin d’en informer le médecin si la consultation est nécessaire.
- Si vous présentez un ou plusieurs des symptômes de la maladie de Lyme dans les 3 à 30 jours après avoir été piqué (ex : symptômes d’allure grippale comme la fièvre, des courbatures et de la fatigue, ou une rougeur à la peau qui s’agrandit à plus de 5 cm), appelez Info-Santé 811 ou consultez un médecin. Apportez votre tique avec vous.
IMPORTANT : Si vous avez été piqué par une tique dans certains secteurs géographiques des régions de l’Estrie ou de la Montérégie, un antibiotique pourrait vous être prescrit de façon préventive par un médecin selon son évaluation. L’antibiotique pourrait être prescrit si la tique est restée accrochée à vous plus de 24 heures et si le traitement peut débuter moins de 72 heures après le retrait de cette tique. |
La liste complète des secteurs géographiques où cette mesure peut s’appliquer peut être consultée ici
Pour plus d’information :
- Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
- Portail santé Montérégie
- Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke
Ariane Adam-Poupart
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