Rando : l’Écosse à son meilleur

L’automne est à nos portes.  À nous la randonnée!  Les arbres laissent mieux filtrer la lumière en abandonnant leurs manteaux feuillus. Enfin, l’humidité a laissé place à l’air sec et frais qui sent bon la terre. Comme j’ai pu le constater, l’automne en Écosse est un excellent moment pour profiter des innombrables sites de marche. En fait, la randonnée est vraiment une activité très prisée des Écossais.

Au début d’octobre, ma conjointe et moi avons eu la chance de nous rendre en Écosse pour le travail. On a devancé notre arrivée pour profiter d’une quinzaine de jours dans ce lieu magnifique. Grâce à un vol direct de nuit pour Édimbourg, au sud-est de l’Écosse, on a commencé notre périple calmement dès le premier jour. On a grimpé le parc du mont Arthur’s Seat, un des sommets qui composent la ville et qui offrent une vue imprenable sur celle-ci. Dès le lendemain, on a visité le château éponyme, riche en histoire et perché sur un haut promontoire, au cœur de la cité. Puis, sous la rue qui mène au château, on a pu visiter de profondes catacombes dites hantées. Pour moi, historien qui a horreur des attrape-touristes, je ne peux que vous recommander cette visite que j’ai franchement beaucoup aimée.

Après avoir récupéré de notre voyagement aérien, notre périple en Écosse a enfin pu commencer. S’il y a bien un réseau d’autobus à l’échelle de la nation, et quelques trains entre les principales destinations, on a plutôt opté pour la location de voiture. Puis, comme ma conjointe est enceinte, on a choisi de dormir en auberge plutôt qu’en camping.

Ben Lomond

Ptarmigan Ridge Path

Notre première destination? Le mont Ben Lomond, porte d’entrée des Highlands, au nord-ouest d’Édimbourg. Après une nuit confortable, on est arrivés au bord du Loch Lomond pendant une matinée très brumeuse. Le mysticisme nous a envahis. On ne pouvait que deviner la vue qui se présenterait plus tard à nous. Dès que nous avons pris un peu d’altitude, la verdure et les arbres ont cédé place aux herbes hautes, orange et rouges, desséchées et battues par le vent. On a décidé de faire l’aller-retour via Ptarmigan Ridge Path pour profiter des points de vue époustouflants. (D’autres pourront choisir de faire la boucle traditionnelle, d’une longueur similaire.)

Dès que la brume s’est dissipée, on a pu admirer toute la splendeur du paysage. Progressivement, le vent et un fin crachin se sont joints à nous. Plus on avançait vers le sommet, plus les intempéries s’intensifiaient. Sur la dernière butte avant le sommet, le vent était si fort que même la pluie cherchait à se cacher sous nos manteaux. Elle se faufilait même par notre ceinture pour nous remonter le long du torse. Complètement détrempés, on a abdiqué, à quelque deux cents mètres du sommet. (On avait fait nos derniers hectomètres en rampant au sol pour éviter d’être projetés au bas des falaises. Pas chic chic!)

En redescendant, la chaleur est revenue dans nos membres et le sourire sur nos lèvres. Quelle belle première randonnée! Dans des conditions plus sèches et forcément moins venteuses, les cyclistes de montagne téméraires auraient pu faire la même descente, après avoir poussé leurs montures jusqu’au sommet.

Fort William

Glen Nevis

Ensuite, notre route nous a menés à Fort William, la petite ville la plus axée sur le plein air en Écosse. Cette destination est au pied du plus haut sommet du Royaume-Uni, le Ben Nevis (1 345 m), et elle est au bout de la plus célèbre longue randonnée d’Écosse, la West Highland Way. C’est d’ailleurs sur une section de ce tracé, bondé de randonneurs, qu’on s’est élancés afin d’atteindre le fort Dun Deardail. Le tracé montait progressivement sans difficulté, et suivait souvent un chemin forestier très large où on y coupe le pin écossais et où ont été tournées plusieurs scènes du film Cœur Vaillant (Braveheart) de Mel Gibson. Les duos d’arcs-en-ciel nous accompagnaient (mais attention! le leprechaun (le farfadet) et son pot d’or sont irlandais, pas écossais). Le sommet enneigé de Ben Nevis en face semblait nous défier pendant qu’on marchait dans la vallée de Glen Nevis. Au sommet de cette portion de la randonnée, on a enfin atteint le promontoire et les ruines antiques du fort Dun Deardail, un site celte puis picte, qui a fait rêver l’amoureux d’histoire en moi.

Glenfinnan

Aller à Fort William, c’était aussi l’occasion d’aller visiter le site de tournage de films et de terribles histoires qui ont inspiré G.R.R. Martin dans l’écriture de sa célèbre série Le Trône de Fer. Par exemple, dans le village de Glenfinnan, une très belle randonnée permet de visiter le site hors pair du viaduc du même nom, où passe un train à vapeur du siècle dernier. Ce site a été le lieu de tournage de plusieurs films dont l’éminent Harry Potter.

Île de Skye

Quiraing

Ensuite, un long trajet par traversier nous a menés à l’île de Skye, sur la côte ouest, dans l’océan atlantique. C’est là que se trouvent certains des sommets les plus techniques et inaccessibles de l’Écosse. C’est aussi le site de randonnées et de paysages des plus exceptionnels comme les escarpements de Quiraing. Là, rien n’est habituel : la vue est plus dramatique qu’une tragédie grecque, car tout est mélangé. La mer est à perte de vue, battant sur les côtes. Le haut plateau sur lequel repose le Meall na Suiramach est coupé au couteau par des falaises desquelles coulent des chutes vers un bas plateau tourbeux d’un vert éclatant. Enfin, les moutons broutent sur des lieux si inhospitaliers que l’on espère presque qu’ils savent voler.

Glen Tilt

Plus tard, on a été surpris par le circuit de Glen Tilt à Blair Atholl. Tranquille, le sentier remonte la rivière Tilt en passant par les champs de moutons. Cette marche est à l’image de beaucoup de randonnées en Écosse : belle et accessible à chaque tournant. Il faut savoir que la loi permet aux randonneurs d’aller partout et de camper à peu près partout.  Or, afin d’en bénéficier et de laisser les futures générations en profiter aussi, il vaut mieux consulter les règles d’éthique auparavant.

À découvrir

Enfin, sur une suggestion de notre hôte, on a terminé notre randonnée dans un restaurant isolé près de Pitlochry : le pub du Moulin Hotel. Celui-ci est typique de l’hospitalité écossaise. Les plafonds sont bas et tout en bois, comme les murs. Le feu chauffe dans l’âtre, et notre copieux repas est fait de ragoût de cerf sauvage et de délicieux haggis, essentiellement composé de mouton.

Il y aurait encore mille choses à dire sur l’Écosse, dont la tournée des distilleries de whisky et la visite de sites historiques des plus extraordinaires, mais c’est maintenant à vous d’aller voir par vous-mêmes ce pays d’exception qu’il me tarde déjà de revisiter. Surtout qu’il me reste toujours 282 monts à gravir pour commencer mon Munro bagging.


Le Munro bagging

En 1891, Sir Hugh T Munro a recensé les montagnes hautes de plus de 3 000 pieds (914,4 m) d’Écosse. Faire l’ascension de ces 282 monts s’appelle Munro bagging. C’est une activité assez prisée en Écosse. Elle n’est pas sans rappeler son équivalent dans les Adirondacks : les 46ers.


Pour retrouver les tracés des randonnées mentionnées sur Strava :

Ben Lomond

Dun Deardail

Quiraing

Glen Titl

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Ancien employé de La Cordée, Maxime a appris à faire du ski de fond avant de se mettre à marcher (du moins, c’est ce que sa mère prétend). Tout jeune, c’est l’escalade qui lui a ouvert les portes du plein air. De tempérament curieux, il a pratiquement essayé tous les sports de plein air. Bien qu’il se définisse comme un sportif hyper actif, il finit souvent par se retrouver derrière une pile de livres pour gagner sa vie d’historien. Et quand il n’a pas le nez dans un bouquin ou qu’il n’est pas en train de jouer dehors ou de jardiner, fourche à la main, Maxime sème la terreur dans les soirées de jeux de table avec ses amis.

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