Par Nicolas Paré
La cordillère des Andes!
Assurément l’une des chaînes de montagnes mythiques de la planète, au même titre que les Alpes, les Pyrénées, le Caucase, l’Himalaya et… les Laurentides. 😉
Les Andes agissent telle une colonne vertébrale pour le continent sud-américain, traversant le territoire sur toute sa longueur, de la Colombie à la Terre de Feu, elle offre du coup une variété de paysages et de randonnées inégalés sur la planète.
Que ce soit la Patagonie et ses multiples glaciers (se référer à mes deux articles précédents, ici et ici), les volcans de l’Équateur et de la Colombie (sujet des deux prochains articles), où l’Altiplano bolivien et péruvien (présent article), les choix ne manquent pas.
Au cours de la dernière année, j’ai marché la quasi totalité des randonnées que les Andes ont à offrir!
Voici mon Top 3 des plus belles randonnées en haute altitude.
Ausangate – À l’ombre de Machu Picchu (Pérou)
« Vous allez à Machu Picchu aujourd’hui? », nous lance l’homme à la réception de notre auberge à Cusco.
« Non! Nous allons à Tinqui pour commencer le circuit Ausangate. »
L’homme bouche bée finit par avouer qu’il ne savait pas de quoi je parlais. Même si le départ de la boucle se trouve à moins de 100 kilomètres de Qosqo, l’ancienne capitale inca rebaptisée Cusco par les conquistadors, 9,5 voyageurs sur 10 font le déplacement pour une seule et unique raison : visiter Machu Picchu.
Se prononçant o-sun-ga-té, Ausangate est le point culminant (6372 mètres) de la Cordillera Vilcanota, la plus haute chaîne de montagnes au nord du Pérou.
Depuis l’époque préinca jusqu’à aujourd’hui, la montagne est vénérée par le peuple Quechua qui lui fait de multiples offrandes et sacrifices.
D’une longueur de 70 kilomètres et culminant à plus de 5000 mètres, ce circuit offre des panoramas spectaculaires une fois passé le Paso Arapa (4850 mètres) en matinée du jour 2. Dès lors, le sentier traverse des plaines habitées par des centaines de lamas, avec des lacs aux eaux turquoise à nos pieds, et des glaciers suspendus aux hautes parois rocheuses.
Comptez entre quatre et six jours pour boucler le tout. Il existe une variante qui fait un détour par la Colorada Montana (montagne Arc-en-ciel), situé à une quinzaine de kilomètres en dehors du circuit (une journée additionnelle).
Illampu – Là où personne ne va (Bolivie)
Le vieux minibus bondé avalait les kilomètres de la route cahoteuse.
Le Lagos Titikaka se trouvait sur notre droite, mais notre regard était fixé droit devant sur le massif de l’Illampu, l’un des joyaux de la Cordillera Real (cordillère Royale), la plus importante chaîne de montagnes de Bolivie.
Du haut de ses 6388 mètres, Illampu donnait l’impression d’être un monstre à plusieurs têtes (quinze sommets entre 5500 mètres et 6400 mètres pour être plus exact) fait de roches, de neige et de glace.
Le bus quittait l’Altiplano pour plonger dans une immense vallée sortie de nulle part. À la fin d’une route sinueuse, le chauffeur s’écriait « Sorata! »
Surnommé le « jardin d’Éden » par les conquistadors, Sorata se situe à mi-chemin entre l’Amazone et les Andes.
De la place publique au centre du village, il n’y a qu’à lever les yeux pour admirer les « neiges éternelles » ou regarder vers le bas pour voir de la jungle à perte de vue.
Le circuit montre ses couleurs dès les premières minutes de la première journée. À peine sortis de Sorata, nous étions quittes pour 2000 mètres de dénivelé positif jusqu’à Abra de Illampu (4741 m), le premier col du circuit.
Dès lors, et pour les 110 kilomètres et des poussières que compte le circuit, l’expression « seul au milieu de nulle part » allait rarement être aussi vraie.
Même si la randonnée se trouve dans tous les guides de voyage, et même si nous étions en plein coeur de la saison touristique, nous n’avons croisé personne, mis à part une poignée de locaux, durant six jours.
J’irais plus loin. Une fois Sorata derrière vous, et exception faite de Cocoyo, petit village à mi-chemin du circuit, vous ne verrez aucune trace humaine : pas de route, pas de bâtiment, pas de clôture.
En fin de matinée du jour 4, après avoir atteint Paso Abra de Calzada, le plus haut point du circuit à 5045 mètres, le ciel bleu exempt de nuage que nous avions jusqu’alors, se couvrait d’un épais brouillard. Les glaciers tout autour ne faisaient plus qu’un avec le ciel.
Le brouillard se transformait rapidement en un blizzard qui recouvrait le sol de quelques centimètres de neige… assez pour faire disparaître toute trace du sentier.
En plus des gros flocons qui nous tombaient dessus avec furie, des éclairs traversaient le ciel.
Un blizzard électrique… pff… ton histoire est sans queue ni tête!!! Je vous répondrai que l’histoire est trop insensée pour que je l’aie inventée.
Je disais donc… les éclairs traversaient le ciel. Sachant qu’un immense glacier se trouvait directement au-dessus de nos têtes, nous avions une peur bleue qu’un éclair frappe la glace et déclenche une avalanche. Après tout, le lac plus bleu que bleu en contrebas et le champ de grosses roches que nous traversions depuis bientôt une heure, n’étaient pas arrivés là par magie.
Il était donc hors de question d’attendre la fin de la tempête pour localiser le sentier. Nous allions y aller à l’aveuglette et décamper de cette zone à risque.
Chacun des éclairs donnait l’impression de nous passer à travers le corps tellement il résonnait dans chacun de nos os et nous glaçait le sang. J’essayais de rassurer ma copine, mais peinais moi-même à garder mon sang-froid.
Moins d’une heure plus tard, le temps s’était complètement dégagé et nous marchions dans des dunes jusqu’au Lagos San Francisco.
Marcher le circuit Illampu c’est être seul dans une contrée reculée!
Marcher le circuit Illampu c’est être prêt à faire face à l’imprévisible!
Vous rêvez d’avoir un sentier de Grande Randonnée à vous seul? Ne cherchez pas plus loin!
Huayhuash – La randonnée par excellence en haute altitude (Pérou)
Après avoir admiré pendant de longues minutes ce qui pourrait bien être le plus beau panorama que j’ai pu voir de ma vie, il fallait se résigner à quitter le sommet de Paso San Antonio.
Aussi impressionnante fût la vue sur l’ensemble de la Cordillera Huayhuash, nous étions à plus de 4900 mètres, le soleil se couchait à l’horizon et l’endroit était tout sauf idéal pour installer notre campement.
Nous entreprenions la descente dans une section d’éboulement à plus de 75 degrés d’inclinaison, avec le fond de la vallée à plus de 1000 mètres sous nos pieds. Le moindre faux mouvement entraînerait une chute de plusieurs centaines de mètres.
« Il faudrait être complètement fou pour monter ce versant de la Paso San Antonio » que je lançais à ma copine. Déjà que l’ascension sur l’autre versant avait été tout sauf une sinécure, l’ascension de ce versant relevait de la folie.
Après plus d’une heure et plusieurs centaines de mètres de descente, le sentier disparaissait. Devant nous se dressait un mur plongeant vers le fond de la vallée quelques centaines de mètres plus bas.
Sans corde, sans casque est sans piolet, il était impensable de descendre ce mur avec des sacs de 20 kilogrammes sur le dos. Nous allions devoir rebrousser chemin!!!
Pour ceux qui ont lu attentivement les derniers paragraphes, rebrousser chemin signifiait remonter au sommet de Paso San Antonio via un sentier extrêmement incliné dans une zone d’éboulement.
C’est généralement dans ce genre de situation que je me demande « pourquoi j’aime les montagnes et non les plages? »
Bienvenue sur le circuit Huayhuash; l’une des chaînes de montagnes les plus reculées des Andes, comprenant notamment le Nevado Yurupaja, la deuxième plus haute montagne du Pérou du haut de ses 6600 mètres.
Rassurez-vous, nul besoin de risquer sa vie pour apprécier les nombreux panoramas spectaculaires que la randonnée a à offrir.
D’une longueur d’environ 120 kilomètres, avec au moins huit cols d’une altitude de plus de 4600 m à franchir, le circuit Huayhuash propose plusieurs itinéraires :
- Le circuit Alpino : très technique et peu fréquenté ;
- Le circuit Clasico : dit le circuit dans la Vallée, essentiellement de la marche à haute altitude ;
- Le circuit hybride (notre choix) : soutirant le meilleur des deux circuits précédant, en évitant les sections trop techniques et trop faciles.
Peu importe l’itinéraire, hautes montagnes, glaciers, villages reculés et lacs aux eaux azur seront au rendez-vous.
Avec Torres del Paine (Patagonie/Chili), Huayhuash offre sans aucun doute les plus beaux paysages de montagne en Amérique du Sud.
En bref :
- Une randonnée moins difficile que les deux autres ;
- Un sentier bien balisé et peu fréquenté ;
- Possibilité de dormir en refuge tout au long du circuit (extrêmement rudimentaire – pas besoin de réserver) ;
- Frais de passage à payer au départ de Tinqui ;
- Campement sur les sites désignés ($) ;
- Source d’eau abondante tout au long du circuit ;
- Possibilité d’organiser guide et/ou porteurs depuis Cusco.
- La randonnée la plus difficile des trois en raison de son isolement ;
- Un sentier pas toujours facile à suivre et souvent inexistant ;
- Source d’eau abondante tout au long du circuit ;
- Aucune possibilité d’hébergement autre qu’en camping ;
- Aucun site de camping, vous campez où vous voulez ;
- Aucuns frais de passage et/ou de camping (gratuit) ;
- Possibilité d’organiser guide et/ou porteurs depuis Sorata.
- Presque aussi difficile que Illampu, mais un sentier bien balisé ;
- Multiples itinéraires possibles ;
- Campement sur les sites désignés ($) ;
- Source d’eau abondante tout au long du circuit ;
- Beaucoup de groupes de randonneurs avec guide et porteurs (organisez le tout depuis Huaraz), peu de randonneurs en autonomie complète ;
- Même en autonomie complète, le circuit coûte une petite fortune. Comptez environ 90 $US par personne (site de camping + passage dans chaque village).
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